Réprimander sans haine

Réprimander son prochain est un devoir, à condition d’exclure toute haine et tout sentiment d’animosité.

Lévitique 19, 17 (parasha Kedoshim) :
Tu ne haïras point ton frère dans ton cœur; tu auras soin de reprendre ton prochain, mais tu ne te chargeras point d’un péché à cause de lui.

Trois conditions sont exigées pour se permettre de réprimander son prochain : une conduite irréprochable, des dispositions morales du destinataire à accepter la remontrance, se garder de le faire rougir de honte en public (Malbim).

La réprimande ne doit pas entraîner de péché pour son auteur. Par exemple, faire preuve d’impatience ou ressentir du mépris, voire de la haine, parce que le prochain ne veut pas entendre raison, est une grave faute.

Lorsqu’un homme agit mal, il faut lui en faire la remontrance mais de manière discrète et sans témoins. Si l’offensé accepte la remarque et en tient compte, il peut en être reconnaissant.

Le Hafetz Haïm disait à ses disciples, rabbins de communauté : « il importe de ne pas imposer à votre auditoire des paroles de semonces et de récriminations. Il faut avant tout expliquer la gravité de certaines lois de la Torah et faire comprendre ce que l’Eternel attend de chacun. Ceci servira bien plus que les paroles sévères. »

« On doit s’efforcer de ressembler à un père qui reprend son fils bien-aimé. La remontrance peut paraître d’autant plus dure et plus exigeante, qu’elle est empreinte d’amour. Les sentiments d’amour, transpirant au travers les dures paroles du père, font que celles-ci atteignent le cœur du fils (Avnei Ezél). »

La haine gratuite entre les juifs, a été à l’origine de la destruction de second Temple de Jérusalem (Yoma 9). Il est affirmé tout aussi péremptoirement que le Beth Hamiqdach a été détruit faute de remontrances entre les personnes. En fait, la seconde affirmation rejoint la première : parce que la haine gratuite animait les cœurs, personne n’a pu faire de remontrance à son prochain, interdisant ainsi toute possibilité d’amélioration dans le comportement.

La réprimande ne peut s’adresser qu’à un homme capable de l’entendre ou de l’accepter, ainsi qu’il est écrit: « Réprimande le sage et il t’aimera  » (Proverbes 9,8).

Peut –on sonder les reins et 1es cœurs d’autrui et savoir d’avance qu’il acceptera ou pas la remontrance ? C’est pourquoi il est dit « Juge ton prochain favorablement, prête-lui toujours de bons sentiments » (Pirké Avoth 1,6)

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

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