Montées de « Vayishla’h »

Lutte avec l’ange, viol de Dinah, mort de Rachel, rivalité Esaü-Jacob
Tout est dit.

1) Jacob envoie des messagers de paix à Esaü, son frère jumeau, chargés d’informer ce dernier de son retour après de longues années passées chez son beau-père où il s’est enrichi considérablement. Ces messagers lui apprennent qu’Esaü vient à sa rencontre avec 400 hommes, probablement dans un autre but que prendre le thé. Jacob sépare alors sa famille et ses troupeaux en deux camps afin que l’un des deux, au moins, en réchappe, en cas de guerre, apparemment inévitable, avec son frère. Il supplie ensuite Dieu, de lui porter secours.

2) Jacob fait porter à Esaü des présents, prélevés de son bétail, afin d’apaiser son frère. Durant la nuit, Jacob affronte un homme qu’il parvient à dominer, au prix d’une hanche luxée, et d’un nom censé remplacer celui de Jacob : Israël.

3) Le troisième commandement du livre de la Genèse a pour origine la blessure de Jacob : l’interdit alimentaire du nerf sciatique. Jacob se retrouve face à Esaü et son armée ; au lieu du combat fratricide, l’on assiste aux retrouvailles chaleureuses des frères.

4) Esaü fait connaissance avec la famille de Jacob, et lui propose de retourner s’établir avec lui à Sé’ir où il demeure. Jacob trouve un prétexte pour refuser, à la suite de quoi, les frères se séparent et Jacob va s’installer à proximité de la ville de Chékhem (Naplouse) gouvernée par un certain H’amor.

5) Le fils de H’amor, dénommé Chékhem (comme sa ville), viole Dina, la fille de Léa et Jacob. Il s’attache à Dina et prie son père de la demander en mariage à Jacob, ce que fait H’amor, lui proposant en même temps de s’établir, de commercer et de se marier avec ses administrés. Les fils de Jacob, une fois passé le choc de cette nouvelle affligeante, élaborent un stratagème (l’obligation de se circoncire pour tous les mâles) qui leur permet de tuer tous les hommes de cette ville, y compris le violeur et son père. Jacob érige un autel à Beit-El. Dieu ajoute à Jacob le nom d’Israël.

6) Dieu bénit Jacob. Rachel meurt en mettant au monde Benjamin, et est inhumée à Bethleem. Ruben, le fils aîné de Jacob et Léa, commet une faute en déplaçant la couche de Bil-ha, servante de Rachel, par celle de sa mère, Léa (selon le texte, Ruben couche avec Bil-ha, concubine de son père, Jacob). Isaac meurt à l’âge de 180 ans, et est enterré au caveau de Makhpéla, à H’ébron, par Esaü et Jacob. Engendrements d’Esaü.

7) Suite des descendants d’Esaü.

Le thème de la Haftara :

Quatrième des Petits Prophètes dans la section des Prophètes de la Bible hébraïque. Oracle du prophète Obadiah contre les Edomites qui se réjouirent de la chute des Judéens lorsque Jérusalem tomba en -586 av. è.c. et aidèrent les Babyloniens à capturer les réfugiés et à occuper le Néguev.

Le lien thématique avec la Paracha :

Les rapports conflictuels entre Jacob et Esaü, ancêtre des Edomites.

Étincelles de Mémoire :

« Telle mère, telle fille », ce dicton bien connu pourrait bien provenir de la 5ème montée où il est dit : « Dina, fille de Léa, sortit… ». Or, nous savons depuis la Paracha de Tolédot que Dina est la fille de Léa, et puis, n’est-elle pas aussi la fille de Jacob ? Rachi répond ainsi : « Mais c’est parce qu’elle est « sortie » qu’on l’appelle fille de Léa, qui avait aussi l’habitude de sortir… D’où le proverbe : telle mère, telle fille ». Ce commentaire qui attribue une part de responsabilité à Dina dans le viol dont elle a été victime, nous renvoie à une époque et à une société où la claustration de la femme était la norme.
« Qui ne dit mot consent », constitue le principe moral essentiellement invoqué par nos exégètes, afin de « justifier » le massacre de toute une ville pour le crime d’un seul. En effet, ni H’amor, le père du violeur, ni aucun habitant de Naplouse ne fait le moindre reproche à l’homme qui a violenté Dina, ce qui est pour le moins, troublant. Chim‘on et Lévi, les deux fils de Jacob qui ont assassiné tous les hommes, au troisième jour de leur circoncision, où la souffrance se fait plus intense, selon le texte biblique, ont donc jugé que cette manière de procéder qui ne choqua personne, était symptomatique du niveau moral de cette ville.

Etincelles de Réflexion :

Ma’assé avot, siman labanim, « l’histoire des pères préfigure celle des fils », est l’une des grilles de lecture privilégiée par les exégètes, pour l’ensemble du livre de la Genèse qui relate l’histoire des patriarches et de leurs descendants. Deux exemples dans cette Paracha :
1° Jacob se prépare à la rencontre avec Esaü sur trois modes différents : la prière, la négociation et la guerre (voir les 1ère et 2ème montées). Ces différentes attitudes ont toujours caractérisé la posture du peuple juif face à ses ennemis, y compris depuis la création de l’Etat d’Israël. Il s’agit cependant de n’en oublier aucune…
2° Le verset 12 du chapitre 32, qui comporte justement la prière de Jacob dit : « Sauve-moi de la main de mon frère, de la main d’Esaü… ». Tous les commentateurs s’étonnent de cette redondance : Jacob n’avait qu’un frère et nous savons qu’il s’appelait Esaü. Il suffisait donc d’écrire « Sauve-moi de la main de mon frère » ou « Sauve-moi de la main d’Esaü ». La plus belle explication renvoie elle aussi aux deux dangers auxquels est confronté le peuple d’Israël tout au long de son histoire : soit au « frère », celui qui se présente fraternellement afin de vous phagocyter, ce que l’on exprime en général par le terme d’assimilation ; soit à Esaü, celui qui veut vous exterminer physiquement.

Voir aussi :
Lectures de « Vayishla’h »(GRJO)
La prophétie d’Ovadia

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