Montées de « Bamidbar »

Recensement des Enfants d’Israël dans le désert

1 à 3) C’est à cette Paracha que l’on doit l’appellation française de ce quatrième et avant-dernier livre du Pentateuque, Les Nombres, car Moïse, sur l’ordre de Dieu, procède au dénombrement des hébreux mâles, âgés de vingt ans au moins. Aidé par douze chefs de tribus, il obtient le résultat de 603.550 hommes, non compris la tribu de Lévi, qui, chargée du service du tabernacle, ne sera pas comptée avec les autres tribus. L’on apprend en même temps la manière dont les tribus étaient disposées dans le désert. Au centre se trouvait le tabernacle (1), avec les prêtres et les lévites qui campaient autour. Aux quatre points cardinaux, les douze tribus, trois par point cardinal.

4) Rappel des noms des enfants d’Aaron et détail des fonctions des lévites, adjoints aux prêtres et chargés de garder les ustensiles du Tabernacle. Les léviim (lévites) ont pris la place des premiers-nés des autres tribus. Rachi explique que les premiers-nés ont perdu ce privilège, parce qu’ils ont pris part à la faute du veau d’or, contrairement aux Léviim. Le projet divin initial prévoyait en effet que ce soit les premiers-nés qui assurent les fonctions dévolues aux lévites, et ce, après la plaie de la mort des premiers-nés égyptiens.

5) Dénombrement des léviim mâles, âgés d’au moins un mois (22.000, au total). Sont indiqués en même temps les éléments du sanctuaire dont ils avaient la garde, ainsi que leur campement autour du Michkan (« Tabernacle »), à chaque point cardinal.

6) Dénombrement des premiers-nés mâles des enfants d’Israël, âgés d’au moins un mois, et substitution des lévites à ces derniers.

7) Dénombrement des enfants de Qehat (une des familles de lévites), affectés au transport des ustensiles du Tabernacle, après que les prêtres aient pris soin de les envelopper.

Le lien entre la Haftara et Bemidbar :

Haftara tirée du « Livre des Douze Prophètes » (plus précisément d’ « Osée »), qui renferme les paroles de douze prophètes réunis en un seul volume à cause de leur faible étendue (mais de grande profondeur). Ce qui explique qu’on les appelle aussi les « Petits Prophètes ». Contemporain du prophète Isaïe, Osée (Hochéa’, en hébreu) a vécu dans le royaume d’Israël (2) peu de temps avant sa destruction (en -722). Il adresse de vifs reproches à ses compatriotes impies. Le rapport avec notre Paracha se trouve certainement dans le premier verset de la prophétie d’Osée, qui prédit un dénombrement impossible d’Israël, contrairement à celui de Bémidbar, compte tenu d’une démographie exponentielle.

Etincelles de mémoire :

Une fois n’est pas coutume, ces « étincelles » proviendront de la Haftara qui a laissé dans nos mémoires ses deux derniers versets, qu’il est d’usage de réciter lorsque nous faisons les trois tours avec la lanière des phylactères (téphiline) autour du majeur. L’on trouve en effet trois fois le mot Véérastikh, qui signifie « je t’épouserai », les téphiline étant le symbole de l’Alliance qui nous attache à Dieu. Selon cette symbolique conjugale, les sept tours autour de l’avant-bras symboliseraient les Chéva’ Bérakhot, c’est-à-dire, les sept bénédictions du mariage.

Etincelles de réflexion :

Dans la quatrième montée de notre section, au premier verset du chapitre 3, curieusement, les enfants de Moïse ne sont pas cités alors qu’ils sont annoncés. Seuls le seront les fils d’Aaron. Le commentaire de Rachi est, à cet égard, édifiant, parce qu’il nous donne à penser un autre mode de parentalité auquel l’on songe rarement : Celui de maître à disciple. « On ne mentionne ici que les fils d’Aaron, et ils sont appelés aussi les descendants de Moïse, parce qu’il leur a enseigné la Torah ; cela prouve que la Bible considère quelqu’un qui enseigne la Torah au fils de son prochain, comme s’il l’avait engendré » (Talmud Sanhédrin, page 19b). La maïeutique socratique d’accouchement des esprits, avant l’heure…

(1) La présence divine au centre, avec les Tables de la Loi dans le Saint des Saints, dont le respect par Israël, conditionne la dite présence de Dieu. La Loi est ainsi au fondement même de l’identité juive.

(2) Issu du schisme qui survint après la mort du roi Salomon, en 932 avant J.C., le royaume d’Israël étant composé de dix tribus, tandis que celui de Juda, gouverné par la dynastie davidique, n’en comptait que deux. Le royaume d’Israël, au Nord, avait pour capitale Sichem (l’actuelle Naplouse), tandis que le royaume de Juda, au Sud, conservait Jérusalem pour capitale. Le royaume d’Israël s’effondrera sous les assauts de l’Assyrie, en 722 avant J.C., et Juda, en -586, date de la destruction du Temple de Salomon.

Voir aussi
Lectures de « Bemidbar » (GRJO)
603 550

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