Les miroirs sacrifiés
La parasha Vayaqhel est largement consacrée à la confection de l’arche d’alliance.
Exode 38, 8 :
Et il fit la cuve d’airain, et son soubassement d’airain, avec les miroirs (בְּמַרְאֹת, BMRAT, Bemaréot) des femmes attroupées qui s’attroupaient (הַצֹּבְאֹת אֲשֶׁר צָבְאוּ, HZBAT ASR ZBAW, Hatsovéot Achère Tsaveou) à l’entrée de la tente du rendez-vous.
Commentaire de Rachi (sur Sefarim) :
Les femmes d’Israël possédaient des miroirs dans lesquels elles se regardaient lorsqu’elles se faisaient belles. Et même ces miroirs, elles n’ont pas hésité à les offrir pour la construction du tabernacle. Moïse répugnait à les accepter, car ils ont pour vocation d’encourager le penchant au mal. Le Saint béni soit-Il lui a dit : « Accepte-les ! Ils me sont plus chers que tout, car c’est grâce à eux que les femmes ont donné le jour à des armées (tsevaoth) d’enfants en Egypte ! » Quand leurs maris étaient épuisés par leur dur travail, elles allaient leur apporter nourriture et boissons. Elles leur donnaient à manger puis elles prenaient leurs miroirs. Chacune se regardait dans le miroir avec son mari, et elle lui disait tendrement : « Je suis plus belle que toi ! » Elles éveillaient ainsi le désir chez leurs maris, elles s’unissaient à eux, devenaient enceintes et accouchaient, comme il est écrit : « Sous le pommier je t’ai éveillé » (Chir hachirim 8, 5). Voilà ce que veut dire : « avec les miroirs des attroupées ». Ce sont ces miroirs-là qui ont servi à la fabrication de la cuve, dont la fonction est de rétablir la paix entre l’homme et sa femme, car c’est de l’eau qu’elle contient que l’on fait boire celle dont le mari est jaloux parce qu’elle s’est isolée (Nombres, chap. 5). La preuve qu’il s’agit vraiment de miroirs, c’est qu’il est écrit : « Et le cuivre de l’offrande balancée était de soixante-dix kikar […] il en fit… » (Exode 38, 29 et 30). Or, la cuve et son support ne sont pas mentionnés. D’où l’on apprend que le cuivre qui a servi à la cuve ne venait pas de celui de cette offrande. C’est ce qui est expliqué dans le Midrach de Rabi Tan‘houma ( Paracha Peqoudei 9). Le Targoum Onqelos traduit le mot par : bemè‘hzeyath, terme équivalent à : « miredoirs » en français médiéval. Et nous trouvons la même traduction dans : « les miroirs (haguilyonim) » (Yecha’ya 3, 23), que le Targoum Onqelos rend par : ma‘hazitha.