Montées de « Noa’h »

Déluge, Babel, Abram

1) Dieu fait connaître à Noé sa décision d’anéantir par un déluge, l’humanité et le règne animal qui se sont dévoyés à l’extrême ; lui demande d’édifier une arche pour lui et sa famille, et d’emporter avec eux deux spécimens, mâle et femelle, de chaque espèce animale « non pure » (les lois alimentaires (la Cacherout) s’appliquaient-elles déjà, de surcroît, à une époque où Dieu n’avait pas encore autorisé la consommation de la viande ?), ainsi que des provisions. Noé « le Juste », s’exécute.

2) Dieu demande à Noé d’entrer dans l’arche, accompagné de sa famille, des deux spécimens de chaque espèce « non pure », de sept couples de bêtes « pures » et d’oiseaux, « afin de perpétuer les espèces sur toute la surface de la terre », avant de déclencher le déluge. Les animaux affluèrent vers l’arche d’eux-mêmes (l’on songe aux tableaux qui représentent cet épisode biblique). Le déluge s’abat durant « quarante jours et quarante nuits ».

3) Le déluge détruit toute vie. L’eau baisse de niveau. Pour s’en rendre compte, Noé envoie un corbeau qui ne revient pas, et une colombe qui revient une première fois, faute d’avoir pu se poser, puis, renvoyée une seconde fois, sept jours après son retour, revient avec une feuille d’olivier.

4) Tous les occupants de l’arche en sortent. Noé offre des sacrifices à Dieu en prenant des bêtes et des oiseaux « purs ». Dieu autorise les hommes à consommer la chair animale (Adam n’avait reçu l’autorisation de ne consommer que les seuls végétaux) et proscrit la consommation du sang et le meurtre.

5) Dieu contracte une Alliance avec Noé, ses enfants, et les bêtes, concrétisée par un arc-en-ciel, aux termes de laquelle Il s’engage à ne plus anéantir toutes ses créatures par le déluge. La Tradition rabbinique (chapitre 9 du Talmud de Babylone, traité Bérakhot) a pérennisé le souvenir de cet engagement divin en l’inscrivant dans le rituel des bénédictions : A la vue d’un arc-en-ciel, il faut réciter une bénédiction qui donne quitus à Dieu de ce qu’Il honore son serment de ne plus anéantir l’humanité : « Tu es béni, Eternel, notre Dieu, roi du monde, qui se souvient de l’Alliance, digne de confiance quant à celle-ci et fidèle à Sa parole ».

6) Noé s’enivre et se dénude. H’am, l’un des ses trois fils, voit la nudité de son père et appelle ses frères pour la contempler. Ils entrent à reculons et couvre leur père. Noé, apprenant à son réveil, ce que lui a fait H’am, maudit le fils de ce dernier, Canaan (le lecteur ne peut que s’interroger : le destinataire de sa malédiction est, a priori, innocent), et bénit ses deux autres fils, Shém et Yafét. Engendrements de Noé qui meurt à l’âge de 950 ans.

7) Dieu déjoue l’entreprise de la génération de la tour de Babel, qui devait atteindre le ciel, et rassembler autour d’elle toute l’humanité, en dispersant tous les hommes « sur toute la face de la terre », et en confondant leur langage, c’est-à-dire, en créant une multitude de langages entravant leur compréhension mutuelle. Engendrements de Shém jusqu’à Abraham, fils de Terah’ et frère de Nah’or et Haran (dont le fils se nomme Loth). La famille d’Abraham se rend en terre de Canaan, mais s’arrête à H’aran, Terah’ y mourant.

Etincelles de Mémoire :

« Après moi, le déluge ! », « la tour de Babel », le célèbre motif de la colombe (de la paix) avec un rameau d’olivier dans son bec, sont autant d’héritages de cette Paracha, tombés dans le langage commun, dont l’origine biblique est en général méconnue. D’où l’importance de la culture religieuse, composante à part entière de la culture générale, pour reprendre une idée chère à Régis Debray (exprimée notamment dans son rapport de février 2002 remis à Jack Lang, sur l’enseignement des religions à l’école).

Etincelles de Réflexion :

– Il est intéressant de constater que ce qui a emporté la décision de Dieu d’anéantir l’humanité, c’est le vol (voir Rachi sur Genèse VI, 11 et 13 : H’amas, c’est le vol « avec violence »), alors même que des crimes plus graves se commettaient (mauvaises mœurs et idolâtrie). Nos Sages y voient la preuve que l’atteinte portée à autrui est plus insupportable à Dieu que celle qui Le « touche ». A méditer…

– Parmi les commentaires de Rachi relatifs à cette section, certains sont particulièrement édifiants. J’ai relevé celui qui se propose d’expliquer pourquoi le déluge s’est abattu pendant 40 jours ?

– « Correspondant aux 40 jours de la formation de l’embryon, parce que leur inconduite avait imposé à leur Créateur de créer des enfants issus d’unions illégitimes (adultères et incestes) » (Genèse VII, 4)
.
– Les noms des enfants de Noé (comme tous les noms qui figurent dans la Bible) renvoient à des valeurs : Shém = « nom »ou « renom » renvoie à celui ou à celle dont la manière d’être se veut conforme à des valeurs. H’am = « chaud »renvoie à l’être guidé par ses seules pulsions. Yafét = « beau », désigne l’être attiré par l’esthétique. En vérité, il y a un peu de chacun en nous. Il nous incombe de les conjuguer harmonieusement.

Haftara de Chabbat Roch ‘hodech : Isaïe, chapitre 66

Voir aussi :
Lectures de « Noa’h » (GRJO)
L’Arche de Moïse, le berceau de Noé
Quarante jours
Grâce et consolation
La tour du babil

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