La tenue des prêtres

Mise en place du culte de YHWH.

« Voici les vêtements qu’ils (les artisans) feront : un pectoral, un éphod, un manteau, une tunique brodée, un turban et une ceinture. Ils feront des vêtements sacrés pour ton frère Aaron et ses fils, afin qu’il exerce Mon sacerdoce. Ils emploieront l’or, la pourpre violette et écarlate, le cramoisi et le lin fin » (Exode 28:4-5). La raison d’être de ces vêtements est triple. La première, c’est qu’ils représentent l’attribut du sacerdoce. La deuxième, que leur splendeur impose le respect de la fonction de ceux qui les portent. La troisième, que chacune des parties de ces vêtements symbolise une fonction expiatoire par rapport à un péché particulier.

Reprenons ces trois points. Les vêtements spécifiques à la fonction sacerdotale. Maïmonide, dans son Mishné-Torah (lois sur les instruments du sanctuaire, 10:4), déclare « qu’un grand-prêtre qui servirait avec moins que les huit vêtements rituels, ou un simple prêtre avec moins de quatre, mérite le nom de « dénudé » ; son service est impropre et il est passible de la mort céleste. […] Tant que leurs vêtements sont sur eux, leur sacerdoce est sur eux ; si leurs vêtements ne sont plus sur eux, leur sacerdoce les abandonne ». On pourrait presque dire que l’habit fait le moine, contrairement au dicton populaire. Il importe que les responsables du culte divin revêtent les atours propres à leur fonction. Si le roi, le juge ou le prêtre est nu, son autorité et sa légitimité l’abandonnent. Le peuple ne révère que la force incarnée par le porteur d’un vêtement déterminé. On pourra s’étonner, voire se choquer de ce qu’une chose aussi importante que la prêtrise soit subordonnée au port de certains attributs et non aux qualités intrinsèques des hommes qui la représentent. Ce serait minimiser l’impact de l’image et d’une certaine mise en scène nécessaire à l’accomplissement du culte.

La deuxième raison d’être des vêtements sacerdotaux est la splendeur qui en émane et le respect que celle-ci impose. Une fois de plus, on objectera qu’on est dans l’apparence plus que dans l’authenticité. C’est exact et faux à la fois. Il est vrai que la beauté et la splendeur des vêtements sacerdotaux ont pour objet de rappeler que c’est le Roi des rois qu’on honore à travers le culte rendu. De même (et c’était l’objet de la parasha Terouma de la semaine dernière) que la Torah a à cœur de faire édifier par le peuple la plus belle demeure possible pour Dieu, elle veut que la parure des prêtres et du premier d’entre eux imposent l’admiration et le respect du Créateur de l’univers. C’est ce qu’explique le commentaire de Rambane qui évoque la gloire des rois de l’Antiquité comme de ceux de son époque (13ème siècle) pour lesquels rien n’est jamais trop beau, et dont la magnificence qui les entoure est proportionnelle à l’autorité qu’ils imposent.

C’est sans doute la troisième raison d’être des vêtements des prêtres qui nous parlera le plus. Elle est tirée du Talmud (traité Zevahim 88b) : « Rabbi Einini bar Sassone a dit : pourquoi la parasha sur les sacrifices voisine-t-elle avec celle sur les vêtements sacerdotaux ? C’est pour t’enseigner que, de la même manière que les sacrifices permettent d’expier, les vêtements des prêtres le permettent. La tunique permet d’expier le sang versé ; les caleçons permettent d’expier la fornication ; le turban l’arrogance ; la ceinture les mauvaises pensées ; le pectoral expie l’infraction aux lois ; l’éphod l’idolâtrie ; le manteau la calomnie ; et le diadème l’insolence ». Par cette transposition, nos rabbins, les maîtres du Talmud, ont voulu nous élever au-dessus d’un simple matérialisme et nous donner à réfléchir sur notre comportement moral au travers d’un culte matériel.

Rabbin Daniel Farhi

Voir aussi
Montées de « Tetsavé »
Lectures de « Tetsavé »
L’onction du Grand-Prêtre

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