Montées de « Mass’éi »

Étapes et directives

1) Récapitulation des voyages effectués par les Benéi Israël durant quarante ans, depuis la sortie d’Egypte, jusqu’à l’entrée en Canaan. Quarante-deux lieux sont énumérés. Rachi précise qu’ils parcoururent 14 stations pendant la première année qui suivit l’exode, et 8 stations après la mort d’Aaron, dans la quarantième année de leur errance. Pendant trente-huit ans, ils ne firent donc que 20 stations. L‘errance à laquelle ils furent condamnés après la faute des explorateurs, fut donc moins pénible que prévu.

2) Suite des voyages. Rappel de la mort d’Aaron et indication de la date de son décès, le 1er Av, 40 ans après la sortie d’Egypte, et de son âge : 123 ans.

3) Dieu ordonne aux enfants d’Israël, à la veille de leur entrée en Canaan, de conquérir cette terre, d’en détruire toutes les idoles et d’en chasser tous ses habitants, sans quoi, ces derniers seront une source constante d’ennuis. Certains juifs fondamentalistes font une analogie avec l’attitude qu’il aurait fallu, selon eux, adopter vis-à-vis des Palestiniens, en 1967, et des Arabes israéliens : « Or, si vous ne chassez pas devant vous tous les habitants de ce pays, ceux d’entre eux que vous aurez épargné seront comme des clous dans vos yeux et comme des aiguilles dans vos flancs : ils vous harcèleront sur le territoire que vous occupez » (Nombres XXXIII, 55). La Bible peut-elle et doit-elle, faire l’objet d’une instrumentalisation politico-religieuse ?
Dieu indique ensuite les frontières de la terre de Canaan, qu’il faudra annexer, au Sud, au Nord et à l’Est. La Mer morte et le lac Kinnèret (qui borde Tibériade) sont mentionnés.

4) Désignation des chefs de tribus qui devaient conduire la conquête et partager la terre.

5) Les lévites se voient attribuer des villes ainsi que des terrains autour de ces villes. Ces villes étaient les six villes de refuge pour les auteurs d’homicide involontaire, auxquelles, il fut ajouté quarante-deux villes.

6) Désignation des six villes de refuge susmentionnés, trois d’entre elles situées en Transjordanie, les trois autres se trouvant en terre de Canaan. Suit la législation sur les cas d’homicide accidentelle, donnant droit au refuge. L’homicide volontaire ouvrait droit à une sorte de justice privée légalisée, exercée par un proche de la victime, qui pouvait, à son tour, assassiner le meurtrier. L’auteur d’un homicide involontaire pouvait quitter la ville de refuge, à la mort du grand-prêtre (voir « Etincelles de réflexion »). Avant la survenance de ce décès « libérateur », tout auteur d’un homicide involontaire qui sortait de la ville de refuge, prenait le risque d’être assassiné par le « vengeur du sang » de sa victime. Suit l’interdiction absolue de commuer la peine de mort d’un meurtrier en une rançon (c’est-à-dire, une somme d’argent importante, remise par le meurtrier pour qu’on lui laisse la vie sauve). Cet interdit fonde la réticence des rabbins quant à l’échange de terroristes palestiniens ou libanais, emprisonnés en Israël pour des meurtres d’Israéliens, contre des soldats Israéliens enlevés, vivants ou morts.

7) Suite à une réclamation des chefs d’une famille de la tribu de Ménaché, les filles de Tselofh’ad, elles-mêmes de la tribu de Ménaché par leur père, reçoivent l’ordre divin de n’épouser que des hommes de leur tribu, afin que l’héritage foncier de leur père (voir Parachat Pinéh’as, troisième montée) n’échappe pas à la tribu de Ménaché, ce qui serait le cas si elles épousaient des hommes d’autres tribus. La Paracha se termine en indiquant que les filles en question respectèrent cette règle, en n’épousant que des membres des familles issues de Ménaché.
La Haftara, sans rapport avec la Paracha, en raison de sa survenance durant les trois semaines :
Le prophète Jérémie stigmatise les errements de ses contemporains et leur ingratitude à l’égard de leur Dieu, se laissant séduire par de faux dieux.

Etincelles de mémoire :
Certains cessent de consommer de la viande et du vin, chaque année, dés le 1er Av, parce que Aaron est mort ce jour là. Or, le fait de ne pas consommer de viande ni de boire du vin durant ce qu’on appelle « la semaine maigre », provient de la disparition des sacrifices et des versements de vin sur l’autel, suite à la destruction des deux Temples de Jérusalem, le 9 Av. La mort d’Aaron le grand-prêtre, chargé de pratiquer ces sacrifices et ces libations, mérite bien cette manifestation de deuil.
Le Ba’al Chem Tov enseigne que ces 42 stations parcourus par nos ancêtres correspondent à des étapes morales et spirituelles que chacun d’entre nous est amené à franchir ou à échouer, tout au long de sa vie. La sortie d’Egypte correspond à la naissance (Israël est né en Egypte, expulsé du placenta symbolisé par la mer qui s’ouvrit pour les laisser passer. Quant à l’entrée en Canaan, dans la « terre de vie », selon une terminologie kabbalistique, elle renvoie à la mort, plus précisément à la vie après la mort. Tous les noms des stations cités dans notre Paracha, renvoient non pas tant à des lieux géographiques, qu’à des niveaux d’être. Munissez-vous d’un dictionnaire hébreu/français, et cherchez la racine de chacun de ces noms, et vous verrez qu’ils sont tous traduisibles.

Etincelles de réflexion :
Pour quelle raison, le droit de quitter une ville de refuge pour l’auteur d’un homicide involontaire, était-il conditionné par le décès du grand-prêtre de l’époque ? En quoi était-il lié à cet accident, si bien que le Talmud (1) relate que les mères des grands prêtres se rendaient dans les villes de refuge avec des présents qu’elles remettaient aux meurtriers, afin que ces derniers ne prient pas pour la mort de leurs fils, impatients de pouvoir quitter ces villes-prisons ?
Le ‘Aqedat Itsh’aq (Rabbi Isaac Arama, 1420 env.-1494 env.) propose trois réponses, tirées de différentes sources :
1° « Un meurtrier abrège la vie d’un homme, tandis qu’un prêtre l’allonge (par les sacrifices expiatoires) : il n’est pas convenable que se tienne celui qui raccourcit la vie devant celui qui la prolonge » (opinion de Rabbi Méir).
2° « Un meurtrier souille la terre et chasse la présence divine, alors que le grand-prêtre fait en sorte que la présence divine réside sur la terre. Il ne convient pas que celui qui rend impure la terre et expulse la présence divine, coexiste avec celui qui agit de sorte que la présence divine soit attachée à la terre » (opinion de Rabbi Yehouda Ha-Nassi, le compilateur de la Michna).
3° C’est parce que le Cohen gadol aurait dû prier pour qu’il n’arrive pas un tel accident (l’homicide involontaire) au sein de son peuple. Il s’agit de l’opinion de Rachi. Principe de responsabilité des dignitaires poussé à son paroxysme.

1 Traité Makkot.

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