Montées de « Chemini »

Prescriptions concernant les Cohanim et la Cashrout

1) Cérémonie d’inauguration du Temple, au huitième jour (1er ou 8 Nissan, selon les opinions), marquée par des sacrifices pour les prêtres et pour le peuple.

2) Suite de la cérémonie. Aaron conclut par la bénédiction des Cohanim (celle qui continue d’être récitée dans nos synagogues) à l’intention du peuple. Moïse se joint à son frère, Aaron, pour bénir la communauté.

3) La mort tragique de deux des quatre garçons d’Aaron, Nadav et Avihou, frappés par Dieu, assombrit les festivités. Aaron garde le silence, ne se révoltant pas contre Dieu. De nombreux commentateurs ont proposé des explications à ce drame, en tentant de définir la ou les fautes de ces deux fils du grand-prêtre, à l’origine du courroux divin. Moïse enjoint Aaron et ses deux fils, El’azar et Itamar, de ne pas porter le deuil. Dieu s’adresse ensuite à Aaron, pour lui transmettre une loi concernant tous les prêtres : L’interdiction de pénétrer dans le sanctuaire en état d’ébriété, sous peine de mort.

4) Prescriptions de Moché Rabbenou à Aaron et El’azar et Itamar, concernant le sort de certains sacrifices de la cérémonie d’inauguration.

5) Différend relatif au bouc expiatoire, opposant Moïse aux deux fils survivants d’Aaron.

6) Lois de la Cacherout : sont indiqués les critères de Cacherout des mammifères (ruminer et avoir les sabots fendus) et des poissons (nageoires et écailles). Le texte énumère des exemples d’animaux, présentant seulement l’un des deux critères, (dont le porc), qui sont, par voie de conséquence, impropres à la consommation. Suivent l’énumération d’oiseaux non-cacher et de sauterelles cacher. Lois sur l’impureté attachée, notamment, aux cadavres d’animaux.

7) Suite des lois relatives à l’impureté et à sa transmission, notamment, aux objets. Référence au Miqvé (« bassin rituel »), qui permet la purification des êtres ou des choses impurs. La Paracha se termine avec un rappel de l’importance spirituelle de la Cacherout, qui implique une parfaite connaissance de ses règles.

Etincelles de mémoire :

– La bénédiction des cohanim n’est jamais récitée à l’occasion des offices de l’après-midi, en raison du risque d’ébriété des Cohanim, ces derniers ayant pu consommer de l’alcool lors de leur déjeuner (voir troisième montée). En revanche, le matin, ce risque est peu plausible.
– Le silence d’Aaron, après la mort tragique de deux de ses enfants, nous donne à penser quant à la manière de réagir face à certains événements tragiques de notre histoire. Le silence est préférable à des pseudo-justifications, qui ne font qu’ajouter à la souffrance de ceux qui sont déjà fragilisés par le deuil qui les touche. Se taire, c’est accepter les limites de notre entendement.

Etincelles de réflexion :

La Cacherout a-t-elle une ou plusieurs significations, et si c’est le cas, laquelle ou lesquelles ?
On peut relever trois explications :
1° Les lois alimentaires relèvent des H’ouqim. Il est donc inutile de rechercher un sens à ce qui constitue une Gézérat hamélehk, c’est-à-dire, un « décret du Roi », qui exige une obéissance aveugle.

2° L’interdépendance entre le corps et l’esprit, notamment dans le domaine de la santé, laisse à penser qu’il existe également des interactions entre le corps et l’âme. Ce que je mange devenant une partie constitutive de mon corps et exercerait une influence spirituelle sur mon être. Dieu saurait que certains aliments sont nocifs pour la « santé » (sainteté) de mon âme. Rachi semble adopter cette approche, dans deux de ses commentaires où il est question des effets spirituels néfastes du non-respect des règles alimentaires (voir Rachi sur Lévitique XI, 2 et XI, 43).

3° Enfin, il existe une approche plus philosophique qui consiste à appréhender les lois alimentaires en termes de différenciation ou d’identification symboliques entre l’humain et l’animal. L’interdiction de consommer certaines espèces renvoie à une nécessité de se différencier des comportements de celles-ci, qui, s’ils étaient reproduits par l’homme, rabaisseraient ce dernier au niveau de la bête. Deux exemples :
– Le fait, pour un animal, de ruminer, caractéristique physiologique, transposé à l’être humain, devient réflexion, trait psychologique, tandis que le pied corné (deux ongles, symbolisant le choix) renvoie à l’exercice de sa liberté. Traduire sa pensée en acte, comme réfléchir avant d’agir, définissent l’être humain. Le lecteur qui souhaiterait approfondir cette grille de lecture passionnante, peut se référer au livre de Raphaël Draï, Identité juive, identité humaine (page 105. Edition Armand Colin, 1995).
– La plupart des volatiles prohibés sont des prédateurs, agissant avec une cruauté qui n’appelle pas de jugement moral dans le règne animal, tandis que, transposée à l’humain et à l’humanité, elle entraînerait barbarie et régression morale. Interdire la consommation de ces oiseaux signifie dés lors vouloir une société qui ne soit pas prédatrice, où règnerait la loi du plus fort.

La relation entre la Haftara et Chémini :

Ce Chabbat étant veille de Roch h’odech, nous lirons une haftarah spéciale, tirée du chapitre XX, (versets 18 à 42) du 1er livre de Samuel. David est à l’époque jalousé par le roi Saül qui cherche sa perte. Celui-ci dit à Jonathan, le fils de Saül qu’il sera absent lors du rassemblement qui avait lieu chaque début de mois. Ce texte débute par : « Jonathan lui dit, c’est demain le nouveau mois. »

Voir aussi :
Lectures de « Chemini »

Le cœur de la Torah

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