Montées de « Metsora »

Lèpres et quarantaines

1) Rituel de purification du « lépreux », après examen du prêtre et déclaration de pureté. Tous les éléments apportés par le « lépreux », symbolisent, selon Rachi, la faute et les vices qui furent à l’origine de son affection, l’invitant, désormais, à s’amender. Des oiseaux qui gazouillent continuellement, afin de rappeler le babillage du médisant. Du bois de cèdre, arbre dont la hauteur symbolise l’orgueil présent du médisant prompt à porter un jugement sur autrui. De l’écarlate (provenant d’un ver) et de l’hysope, l’invitant à s’abaisser de son orgueil en se considérant comme un ver et proche du sol, comme l’hysope. Il devait également apporter des sacrifices, dont l’holocauste du metsora (« lépreux »).

2) Aspersions de purification du « lépreux », par le prêtre.

3) Sacrifices moins onéreux, apportés par le « lépreux » qui n’avait pas les moyens d’offrir des animaux coûteux.

4) Prescriptions concernant les plaies apparaissant sur les murs des maisons, en Canaan conquise. Examen, déclarations de pureté ou d’impureté et processus de purification, incombaient aux Cohanim.

5) Lois relatives à l’impureté, à sa transmission aux personnes et aux objets, et holocaustes du zav et de la zava (personnes ayant souffert d’un écoulement génital anormal) indispensables à leur purification.

6) Lois concernant l’impureté, sa transmission et la purification de l’homme qui a eu un écoulement séminal, ou de la femme qui a eu un écoulement sanguin. De nombreuses lois dites de « pureté familiale », sont directement inspirées de ce passage.

7) Rituel de purification de la femme, au terme de son flux.

Etincelles de mémoire :

– L’Etat d’Israël a-t-il vocation à devenir un Etat comme les autres, ou doit-il, au contraire, tenir une place spécifique dans le concert des nations ?
Cette question, récurrente depuis la création de l’Etat d’Israël en 1948, est en réalité, bien plus ancienne. L’époque des Juges et des Rois témoigne de cette tension permanente entre l’obéissance à Dieu et l’attirance pour les cultes idolâtres des Cananéens. Le Midrach comme le Zohar, affirment l’exigence d’une éthique spécifique d’Israël, dès la conquête de Canaan. Le Zohar s’interroge en effet sur les plaies frappant les murs des maisons, dont prirent possession les Hébreux en terre de Canaan ? Il fallait alors démolir ces murs (1). Pourquoi de tels désagréments pour de nouveaux arrivants ? Israël, peuple monothéiste et porteur d’une haute morale, succédant à des peuplades idolâtres, dépourvus d’éthique, ne saurait s’établir dans ces lieux, sans les avoir auparavant « purifiés ». Il ne s’agissait donc pas de ressembler aux cananéens, mais, au contraire, de s’en distinguer. Elie Wiesel a dit: « Le peuple juif n’est pas sur terre pour judaïser le monde, mais pour l’humaniser ». L’Etat d’Israël n’a pas vocation à régresser à l’état de Canaan.
– La femme n’est pas exclusivement concernée par les implications rituelles des menstruations (2). L’homme est aussi concerné par l’ « impureté » liée à des pertes séminales. Ezra (il y a environ 2500 ans), l’obligeait même à s’immerger dans un Miqwé, pour avoir le droit d’étudier et de prier. Toutefois, ce décret d’Ezra a été abrogé ultérieurement, en raison de sa difficile pratique en exil. Aujourd’hui, certains juifs pieux s’immergent dans un Miqwé après des rapports conjugaux, ainsi que toutes les veilles de Chabbat et de fêtes, voire tous les matins avant de se rendre à la prière.

Commentaire sur la Haftara :

Le récit relaté dans cette Haftara (2 Rois, 7, 3-20) se situe à l’époque du royaume d’Israël, sous le règne de Joram, au moment du siège de Samarie par le roi de Syrie, Ben Hadad. Siège qui eut pour effet de provoquer la famine dans la dite cité. Quatre lépreux sont témoins d’un miracle de Dieu qui a fait s’enfuir l’armée d’Aram, ennemi d’Israël. Pillant le campement de la dite armée, ils décident d’en informer le roi d’Israël, qui subodore, à tort, un guet-apens de l’armée d’Aram.

Le rabbin Jean Schwarz, paix à son âme, nous offre ce commentaire (tiré de son ouvrage Les Haftarott, Editions de l’Espérance, Jérusalem :
« Quel est son point commun avec cette dernière (la Parachat Metsora) ? L’analogie se manifeste au départ par le fait que les héros de notre récit sont quatre lépreux, grâce auxquels Samarie retrouve la quiétude et voit la famine prendre fin. Or, la sidra, de son côté, faisant suite à celle de Tazria, complète les lois concernant les lépreux… la Bible n’hésite pas à faire de ces lépreux des héros. Malgré le fait qu’ils sont provisoirement rejetés du milieu des autres habitants, ils n’en sont pas pour autant des parias de la société, dont ils continuent de faire partie et dont le sort les intéresse au plus haut point. Aussi, ne pensent-ils pas à leur seul salut ; sans délai, ils ont à cœur d’avertir les responsables de la cité pour que tous les habitants profitent, autant qu’eux-mêmes, de l’aubaine qui s’offre à eux. Ce sont quatre hommes lépreux, certes, mais néanmoins quatre hommes. »
Qu’il nous soit permis d’ajouter que cet enseignement prend un tout autre relief, à la lumière de ce que la tradition rabbinique nous dit des causes morales à l’origine de cette « lèpre ».
L’isolement imposé au lépreux (cf. Lévitique, 12, 46, et voir Rachi) était le juste châtiment qu’on lui faisait subir pour avoir « isolé » de la société, la personne ayant fait l’objet de sa médisance. Dès lors, la conduite de ces quatre lépreux, qui se soucient de l’intérêt social, leur permet de réintégrer la dite société. Réalisant ainsi une sorte de Tiqqoun, pour le dire autrement.

Voir aussi
Lectures de « Metsora » (GRJO)

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