De la source à la ressource

Du rapport entre le bain rituel et l’hymne national d’Israël.

La parasha Be’houqotaï, la dernière du Lévitique, détaille les bénédictions dont Dieu comblera les enfants d’Israël s’ils obéissent à Ses décrets, ainsi que les malédictions dans le cas contraire. La Haftarah – Jérémie 16:19–17:14 – fait de même et dénonce les cultes idolâtres.

Un précédent billet parlait des versets Jérémie 17, 1-2, où il est question des « ashéras » (וַאֲשֵׁרֵיהֶם, VASRYHM, VaAchéréyhem). Dans son dernier livre, « Aventures du Prophète Jérémie en temps de crise » (Éditions du Cosmogone, 2017), Marie Vidal traduit ashéras (p. 71) par divinités statufiées.

Plus loin, la fin de la Haftarah (17, 11-14) est ainsi traduite par Louis Segond :
<< Comme une perdrix qui couve des œufs qu'elle n'a point pondus, tel est celui qui acquiert des richesses injustement ; au milieu de ses jours il doit les quitter, et à la fin il n'est qu'un insensé. Il est un trône de gloire, élevé dès le commencement, c'est le lieu de notre sanctuaire. Toi qui es l'espérance d'Israël (מִקְוֵה יִשְׂרָאֵל, MQWH YSRAL, Miqvéh Israël), ô Eternel! Tous ceux qui t’abandonnent seront confondus. Ceux qui se détournent de moi seront inscrits sur la terre, Car ils abandonnent la source (מְקוֹר, MQWR, Meqor) d’eau vive, l’Eternel. Guéris-moi (רְפָאֵנִי, RFANY, Refaéni), Eternel, et je serai guéri; sauve-moi (הוֹשִׁיעֵנִי, HWSYŒNY, Hoshyéni), et je serai sauvé; car tu es ma gloire. >>

Pour Marie Vidal (p. 72) :
<< Une perdrix a couvé des œufs sans avoir pondu, tel celui qui prépare un capital sans pratiquer le Droit. Au beau milieu de ses jours, le capital l'abandonne. Et dans sa suite, il y aura des gens abjects. Ô Trône de Gloire, ô Hauteur toujours Première, ô Lieu de notre Sainteté, ô Ressource d'Israël, Tu es l'Éternel! Tous ceux qui t'abandonnent auront honte. Oui, ceux qui s'écartent de Moi seront formellement notés car ils ont abandonné la Source jaillissante d'eaux vives, l'Eternel. Guéris-moi, Eternel, et je serai guéri, sauve-moi, et je serai sauvé car Toi, Tu es ma louange. >>.

Page 73, Marie Vidal revient sur l’interjection Miqvéh Israël, qu’elle ne traduit pas comme à l’habitude par « Espérance d’Israël », mais par « Ressource d’Israël ». MQWH, Miqvah est certes construit sur la même racine que תִּקְוָה, TQWH, Tiqvah (Guématrie par rangs 22+19+6+5=52), Espérance, titre de l’hymne israëlien, HaTiqvah, mais le verbe QWH, Qavah, a le double sens en effet d' »attendre, espérer » et de « rassembler, réunir », et se dit notamment de deux rivières qui « se réunissent » pour n’en former qu’une. Dès la Création du monde, וּלְמִקְוֵה הַמַּיִם, WLMQWH HMYM, OuLeMiqvéh HaMayim, c’est le « Rassemblement d’eaux » (Genèse 1, 10). Qui entend que dans « ressource », il y « source » ?

On comprend donc à la fois pourquoi le Mikvé, le bain rituel, doit être un bassin d’eau courante, et pourquoi Mikvé-Israël fut le nom de la première école d’agriculture fondée en Erets Israël (1870). On comprend aussi d’où viennent le baptême chrétien, et les ablutions musulmanes.

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