Le miel et l’abeille

La difficulté à lire le Midrash tient à l’enchaînement des idées. Les liens interstitiels entre deux idées, ces liens innombrables qui forment la texture midrashique elle-même, ne sont jamais explicités, c’est au lecteur de les dégager patiemment.

Le lecteur se demandera sans doute quelle sera la contrepartie de tant d’héroïsme. Le Midrash répond à cette légitime interrogation. Et, à son habitude, il le fait par une parabole. Cette récompense sera faite de miel, en hébreu דְבָשׁ, devash, acronyme (phonétique) de דרש וקבל שכר, derash veqabel sakhar : cherche et tu recevras récompense.

Il s’agit donc d’une lecture active et co-productrice du sens. C’est pourquoi le lecteur est comparé à l’abeille (דְּבוֹרָה, devora) ouvrière qui a un certain rapport avec le langage (דבר, davar).

Le lecteur du midrash doit sans cesse se poser cette question : pourquoi passe-t-on d’une idée à la suivante ? et ce plusieurs dizaines de fois par page. Cette lecture industrieuse produirait donc du miel. On parlerait aujourd’hui d’endorphines ou de plaisir neuronal.

D’après Maurice Mergui, préface au Midrash Rabba sur l’Ecclésiaste

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