Caïn dans le champ

La deuxième partie du livre de Daniel Mendelsohn, Les Disparus (Flammarion, 2007), s’intitule « Caïn et Abel, ou Frères et sœurs (1939-2001) »

Genèse 4, 8
וַיְהִי בִּהְיוֹתָם בַּשָּׂדֶה
WYHY BHYTM BSDH
Vayehy Biheyotam BaSadeh
Et c’est quand ils sont dans le champ, … Caïn se lève contre Abel, son frère, et le tue.

Friedman se demande : « Quelle signification peut avoir le fait de nous informer qu’ils étaient dans un champ à ce moment -là ? ».
( … Puis il fait) une remarque fascinante : le mot « champ » (שָּׂדֶה, SDH, Sadéh) revient, de façon récurrente, comme une sorte de leitmotiv, dans ces histoires de violences entre frères.

Esaü est un « homme du champ » (Genèse 25, 27-29) ;
Joseph commence l’histoire du rêve qui offense tant ses frères avec un détail concernant le fait qu’ils liaient des gerbes « dans le champ » (Genèse 37,7 ) ;
une femme tente de persuader le roi David de pardonner Absalon pour son acte fratricide en inventant une histoire du meurtre d’un de ses fils par un autre fils – un crime qui a eu lieu « dans le champ » (2Samuel 14, 6) ;
l’histoire du conflit entre Benjamin et les autres tribus (racontée dans Juges 20 et 21) fait deux fois référence au « champ » (Juges 20, 6 et 31)

(…) Il me semble, à moi du moins, qu’il n’y a pas seulement une résonance littéraire mais psychologique au détail que toute cette violence se déroule dans un champ ; (…) Parce que je trouve qu’il est naturel (…) si vous allez faire quelque chose d’horrible à votre frère, (…) que vous projetiez prudemment de le faire dehors, dans un endroit où vous pensez que vous ne serez vu de personne.

Daniel Mendelsohn, Les Disparus, p. 164-165
(références ajoutées par Judéopédia)

Voir aussi : Les sangs d’Abel

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