Montées de « Shoftim »

Tu t’établiras des juges.

1) Nommer des juges intègres et des policiers ; ne pas sacrifier à Dieu un animal ayant un défaut physique ; juger et condamner à mort celui ou celle qui s’est adonné à l’idolâtrie. Un témoignage pour être recevable, doit provenir d’au moins deux témoins oculaires. Une cour suprême (à Jérusalem) est chargée de juger les affaires les plus complexes.

2) Nommer un roi, soumis à des règles spécifiques dont la finalité est d’éviter que ses fonctions éminentes ne le conduisent à s’affranchir des commandements par orgueil. Un Sefer Tora devait l’accompagner au combat.

3) En contrepartie de l’absence d’héritage foncier en Israël, les Cohanim (prêtres) recevaient, notamment, certaines parties des sacrifices ainsi que la Terouma, c’est-à-dire, les prémices du blé, du vin et de l’huile.

4) Dieu interdit aux hébreux d’imiter les « abominations » des peuples cananéens : culte du Molekh (consistant à faire passer un enfant entre deux bûchers), pratiques divinatoires, nécromancie. Ce passage donne à penser de l’extrême méfiance du judaïsme à l’endroit de toutes les croyances et pratiques superstitieuses.

5) Prophète authentique auquel il faut obéir, et faux prophète qu’il faut mettre à mort.
Villes dites « de refuge », destinées uniquement aux auteurs d’homicide involontaire. Moïse reçoit l’ordre d’en réserver trois, en terre d’Israël conquise, D.ieu projetant le choix de trois autres villes de refuge en Transjordanie plus tard. Si « le vengeur de sang », c’est-à-dire, un proche parent de la victime, rencontre le meurtrier hors de la ville de refuge, il lui est permis de venger son parent en l’assassinant, sans craindre d’être jugé pour son acte. Cela évoque la vendetta corse.

6) Législation des « témoins malveillants », auxquels on faisait subir la peine qu’ils avaient voulu infliger à l’innocent.
Exemptions de guerre pour : le propriétaire d’une nouvelle maison non encore inaugurée, le possesseur d’une vigne qui n’en a pas encore consommé le fruit (1), le nouveau marié qui n’a pas encore cohabité avec son épouse, l’homme peureux.

7) Droit de la guerre relatif aux batailles contre les peuplades cananéennes. Ce texte, en raison de sa violence (2), a fait couler beaucoup d’encre, utilisé en particulier par les « anticléricaux » qui y ont vu apparaître le concept de « guerre sainte », menée au nom de Dieu.
Dans ce droit de la guerre, figure l’interdiction d’arracher des arbres fruitiers en vue de s’en servir pour faire le siège contre la ville de l’ennemi.
Législation de la « ‘égla ‘aroufa » (« génisse à la nuque brisée »), en cas de cadavre découvert, dont le meurtrier n’a pas été appréhendé. Le rituel décrit devait être réalisé par les anciens de la ville la plus proche du défunt, en raison d’une présomption que l’assassin en était un résident. Il en ressort l’importance de se soucier des gens de passage dans une communauté, en leur offrant l’hospitalité (3).

Le lien Haftara-Paracha :

Haftara de consolation. « Réveille-toi, réveille toi… Secoue ta poussière, lève-toi…Revêts tes habits de fête… ». Autant d’impératifs que l’on retrouve in extenso dans le célèbre chant Lekha Dodi de Rabbi Chelomo ben Moché ha-Lévi Alqabets (1505 env.-1584) de Safed,

Etincelles de mémoire :

L’esclave qui désire demeurer chez son maître après six années, se rend coupable d’amnésie : on lui poinçonnait l’oreille pour lui rappeler que cette oreille avait entendue au pied du mont Sinaï que l’homme ne doit avoir qu’un seul maître : le Saint béni soit Il. En se soumettant à un autre homme, il devient donc l’esclave d’un esclave. Au moment de l’année jubilaire (4), il était contraint de quitter son maître. En droit moderne, on ne peut jamais s’engager ad vitam aeternam vis-à-vis d’un employeur.

Etincelles d’actions :

« Ben Zoma disait : … Qui est fort ? Celui qui domine son penchant, comme il est dit (Proverbes, 16, 32) : « Meilleur est l’homme lent à la colère que le fort est celui qui domine son esprit que le conquérant d’une ville ». (Pirké avot, chapitre IV, Michna 1).

« Les rois d’Israël se voient imposer trois restrictions destinées à les prémunir contre divers égarements (Deutéronome, 17, 14-20). Le roi ne doit posséder ni trop de chevaux, ni trop de femmes et ni trop d’argent et d’or. Le rabbin Yecha’ya Horowitz (né à Prague en1565), appelé Chelah Haqadoch, d’après les initiales de son œuvre majeur, Chené Lou’hot haberit, propose dans le dit ouvrage, de voir dans ces limites, des conseils avisés adressés à tous ceux qui veulent régner sur eux-mêmes. Il s’agirait alors de réguler notre appât des honneurs (trop de chevaux), de l’argent et du plaisir.

(1) Voir Rachi XX, 6.

(2) « Mais dans les villes des peuples que le Seigneur ton Dieu te donne en héritage, tu ne laisseras âme qui vive. » (Deutéronome XX, 16).

(3) Voir Rachi sur Deutéronome XXI, 7.

(4) Tous les cinquante ans.

Voir aussi :
Lectures de « Choftim » (GRJO)
La justice, la justice tu poursuivras
Nul ne doit maudire ses Juges

Envoyez un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.