Abraham, père des nations

Lekh Lekha Va vers toi. Abram va vers Abraham.

Genèse 16, 1 : « Saraï, la femme d’Abram, ne lui avait pas donné d’enfant « . Il n’y a pas mention explicite de rapport sexuel dans ce couple, mais quand Sarah “donne” sa servante Hagar à son mari, le verset 16, 4 précise qu’Abram est « allé vers » celle-ci, qui enfante Ismaël au verset 15.

Treize ans plus tard, en 17, 4 à 6, Abraham a 99 ans, et Elohim lui propose une alliance : « Sois le père d’une foule (HMWN, Hamone) de nations (GWYM, Goyim). On ne t’appellera plus ABRM, A.B.R.M., mais ton nom sera ABRHM, A.B.R.H.M., car je te fais père d’une foule (HM est la fin du mot ABRHM et le début du mot HMWN) de nations (GWYM). Je te fructifierai beaucoup, beaucoup, tu engendreras des nations, des rois sortiront de toi ». La traduction traditionnelle de HMWN, depuis la Vulgate, est « multitudes ». Chez les Prophètes, HMWN rend souvent un grondement indistinct, celui du torrent, de l’orage ou de … la foule. « Père du tumulte des nations » ?

« Des rois sortiront de toi ». Abraham n’est pas « le père des trois religions », il est le père des nations en tant que nations. Il n’est pas là pour devenir père, ni pour fonder une dynastie, il est là pour affirmer que le principe héréditaire est au fondement de la continuité des nations, du concept même de « nation ». Peu importe à quelle autorité – civile ou religieuse – sont déclarées la naissance et la filiation d’un enfant, l’important est de les déclarer : l’État commence à l’état civil. Les nations « judéo-chrétiennes » descendent d’Isaac (« judéo » de Jacob, « chrétiennes » d’Esaü), d’Ismaël descendent des tribus.

Abraham joue le jeu : il accepte le signe de l’alliance, à savoir la circoncision au huitième jour. Au verset 15, un changement de nom et une formule analogues concernent aussi la mère : « Elohim dit à Abraham : Ta femme Saraï S.R.Y, tu ne l’appelleras plus Saraï, mais son nom est S.R.H. Je la bénirai et je te donnerai d’elle un fils; je la bénirai, elle deviendra des nations, des rois de peuples sortiront d’elle ». Sarah, à 90 ans, change aussi d’appellation : de « demoiselle », elle devient « dame », en tombant enceinte. Plus exactement, elle passe de « Ma Sarah », qui marque la dépendance de la jeune épousée, à « Sarah » tout court, qui marque l’autonomie de la mère.

Voir aussi
Montées de Lekh Lekha (RMAN)
Lectures de Lekh Lekha (GRJO)
Trois puissance cinq

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