Le chiasme de Véronique

Les trois versets de la « bénédiction sacerdotale » figurent dans la parasha Nasso
(Nombres 6, 24-26).

Voici l’analyse que lui consacre Marie Vidal (1).

<< La triple bénédiction écrite par la main de Moïse, serviteur du Seigneur, dite par la bouche d’Aaron et de ses fils, dite par les prêtres du peuple saint du Seigneur [consiste] en quinze mots hébreux, et en soixante lettres la première phrase donne trois mots et quinze lettres, la deuxième phrase donne cinq mots et vingt lettres, la troisième phrase donne sept mots et vingt-cinq lettres. Ces quinze mots, en forme de chiasme, ont pour centre le dernier mot de la deuxième phrase ViY’hounéka. C’est le huitième mot, le mot central, construit avec le verbe ‘hanan, faire grâce, de la racine ‘hen, grâce, avec un h guttural. Selon la prononciation, le h sera souvent allégé, il disparaît dans Anne, Jean, mais se montre muet dans Johan, johannique. Fréquemment aussi ce h sera fortement prononcé, comme un r comme la jota espagnole ou le ch allemand. « Qu’Il te fasse grâce » se dit Vihounnèkha prononcé Virounnèra. Cependant, en fin de phrase, l’accent est mis sur la dernière syllabe qui n’est plus prononcée en gutturale, mais durcit en k et le mot est dit : Virounnèkha !

Même au fidèle qui ne comprend pas l’hébreu, la bénédiction sacerdotale procure une émotion profonde. Le Cohen, le visage enfoui dans son châle de prière, écarte les bras et tend ses mains vers l’assemblée, ses paumes tendues vers l’extérieur ; il entonne crescendo la bénédiction, aux trois phrases successives de trois, cinq et sept mots, de quinze, vingt et vingt-cinq lettres, couronnés par le mot “Shalom”, SLWM, “paix”. >>

Il y a une forte présomption que cette bénédiction ait été déjà écrite et pratiquée à l’époque du Premier Temple, celui de Salomon. On a en effet trouvé une amulette d’argent datant de cette époque portant un texte qui contient le mot YHWH en paléo-hébreu, et qui semble être celui de la bénédiction sacerdotale (2).

(1) Marie Vidal, «Jésus et Virounèka», Romillat, 2000, p. 146-8
(2) Il s’agit d’une amulette trouvée à Ketef Hinnom, au sud-ouest de la vieille ville de Jérusalem. Voir sur le site israélien mfa.gov.il «Plaques d’argent portant la bénédiction biblique des prêtres » (23 novembre 1999)

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