Heureuse et bienheureux

Asher, second fils de Zilpa, servante de Léa, est le huitième fils de Jacob.

Asher (אָשֵׁר, ASR) est homonyme du pronom relatif utilisé près de mille fois dans la Torah, présent en particulier au centre de la formule du Buisson ardent,
אֶהְיֶה אֲשֶׁר אֶהְיֶה,
AHYH ASR AHYH,
Je suis CELUI QUI suis (Exode 3, 14).
Il est rendu en général par “Heureux“, comme on dit « malheureux au jeu, heureux en amour ».

Ce nom Asher, Heureux, est justifié en Genèse 30, 13 :
וַתֹּאמֶר לֵאָה בְּאָשְׁרִי כִּי אִשְּׁרוּנִי בָּנוֹת וַתִּקְרָא אֶת־שְׁמוֹ אָשֵׁר
Et Léa dit: “Pour mon bonheur (בְּאָשְׁרִי, BASRY, BeAshry)! Oui, les filles m’ont dit bienheureuse (אִשְּׁרוּנִי, ASRWNY, Ashrouni ). Et elle l’appela Asher (אָשֵׁר, ASR)

En latin, cela donne :
Dixitque Lia: Hoc pro beatitudine mea: beatam quippe me dicent mulieres : propterea appellavit eum Aser..

La bénédiction adressée à Asher par Jacob sur son lit de mort évoque la qualité de la semence d’Asher et les délices de l’Eden ŒDN :
Genèse 49, 20 :
D’Ashère, le pain est huileux (שְׁמֵנָה, SMNH, Sheménah) ; lui, il donnera des délices de roi (MŒDNY-MLK, Ma’adanéy-Mélèkh). .
Il est aussi question d’huile dans la bénédiction d’Asher par Moïse avant sa mort :
Deutéronome 33, 24 :
Sur Asher il dit: Béni soit Asher entre les enfants d’Israël! Qu’il soit agréable à ses frères, Et qu’il plonge son pied dans l’huile (BSMN, BaShemène)!
Shémen et Sheménah sonnent comme Shemoné, huit : Asher est le huitième fils de Jacob (1). Dans la Kabbale, le chiffre Huit est celui de l’accomplissement messianique.

La femme enceinte est bienheureuse : elle est susceptible d’être porteuse du Messie.

De fait, au début du Magnificat, Marie qui a appris qu’elle était enceinte, reprend la formule de Léa et s’écrie : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse ».
Ecce enim ex hoc beatam me dicent omnes generationes (Luc 1,48)

Avec un Yod final, ASR devient ASRY, et passe au pluriel ou au collectif. Une bonne quinzaine de Psaumes commencent par, ou contiennent, la formule ASRY, « « Heureux CEUX QUI … ». En particulier les versets des Psaumes 84, 5 et 144, 15 font partie du rituel du matin :
אַשְׁרֵי יוֹשְׁבֵי בֵיתֶךָ עוֹד יְהַלְלוּךָ סֶּלָה׃
Ashréy Yoshvéh Veytékha ‘Od Yehaleloukha Sélah
Heureux ceux qui habitent Ta maison, ils Te louent sans cesse. Sélah !
אַשְׁרֵי הָעָם שֶׁכָּכָה לּוֹ אַשְׁרֵי הָעָם שֶׁיֲהוָה אֱלֹהָיו
Ashréy Ha’Am Shékakhah Lo
Ashréy Ha’Am ShéAdonaï Elohayv

Heureux le peuple dont tel est le sort !
Heureux le peuple dont YHWH est Dieu !

En latin, Ashréy devient Beati, ce qui explique pourquoi l’anaphore du Sermon sur la Montagne est dite des Béatitudes (Matthieu 5, 3-12) :
Heureux les pauvres en esprit, car le Royaume des Cieux est à eux.
Heureux les affligés, ( …).
Beati pauperes spiritu quoniam ipsorum est regnum caelorum
Beati mites

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(1) Voir Marie Vidal : Jésus et Virounèka, Romillat, 2000, p.91

Une réponse à “Heureuse et bienheureux”

  1. mllevy dit:

    En hébreu dans le Texte.
    Sommaire

    Voir aussi :
    *Translittération

    *Le Précepteur. Comment Moïse entreprit la Bible (Bookelis)
    *Aperçu sur Amazon
    *Recension par Jean-Pierre Allali

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