Pourim, Pessah’, Chavouot

La date de Pourim 2008 est le vendredi 21 mars, jour de Pleine Lune, et lendemain de l’équinoxe de printemps. Pâques tombe le surlendemain, dimanche 23 mars. Mais Pessah’ ne commence qu’à la Pleine Lune suivante, dimanche 20 avril, avec le Seder le samedi soir 19 avril. Du coup, Pentecôte, dimanche 11 mai, est décalée de Chavouot, lundi 9 juin. Serait-ce impossible d’expliquer tout cela, sinon aux élèves de CM2, du moins à leurs professeurs, instituteurs et autres maîtres d’école, de catéchisme et de Talmud Torah ?

Pourim n’étant pas encore instituée, et pour cause, les trois jours de jeûne d’Esther incluent, avons-nous vu, le début de Pessah’. « Le troisième jour » (Esther 5,1), Esther se présente devant le Roi, l’invite sur le champ à un festin, où elle lui promet : et demain (וּמָחָר, WMER, OuMa’her) j’agirai selon la parole du roi » (Esther 5,8).

Mais pendant la nuit, Assuérus a une insomnie, se fait lire les annales du royaume et apprend que Mardochée a naguère dénoncé un complot contre lui. Quand Aman se présente à son réveil, Assuérus l’envoie chercher Mardochée pour rendre à celui-ci l’hommage qu’il n’a pas eu à l’époque (Esther 6, 10) : « Va vite » (מַהֵר, MHR, Mah’er) !

Le Midrach Rabba sur Esther (10.4) raconte qu’Aman trouva alors Mardochée « assis face à ses élèves (…) en train d’examiner les lois concernant l’obligation du ‘omer (עֹמֶר, ŒMR) car on était le seizième jour de Nisan, jour où on offrait le ‘omer, à l’époque du Temple de Jérusalem« .

Cela renvoie à la polémique qui opposa Pharisiens et Sadducéens, à propos de l’interprétation de Lévitique 23, 15 : il s’agissait de savoir à partir de quand il faut compter les « sept semaines » qui vont de Pessah’ à Chavouot. Le Texte dit « à partir du lendemain du Chabbat » (מִמָּחֳרַת הַשַּׁבָּת, MMERT HSBT, MiMa’harat haChabbat). Les Pharisiens observant que Pessah’ peut tomber n’importe quel jour de la semaine, comprennent que « Chabbat » doit être pris au sens de « jour férié » et décident de compter les sept semaines, 49 jours, depuis le deuxième jour de Pessah’, 16 Nisan, 21 avril cette année. C’est la coutume juive.

Les Sadducéens comprennent « Chabbat » au sens de « Samedi », et « lendemain de Chabbat » au sens de « Dimanche ». Comme Pessah’ dure sept jours, il y a forcément un samedi de Pessah’, et un dimanche, à partir duquel on compte sept semaines : le Cinquantième jour, Pentecôte en grec, tombe un dimanche. (D’après le commentaire de Elie Munk,  »La Voix de la Thora« ).

מַהֵר, MHR, Maher, avec un «  » signifie « vite ». מָחָר, MER, Ma’her, avec un « Het » signifie « demain ». À quoi tiennent les schismes ?…

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