La Gueniza de Qumran

Une gueniza est la pièce d’une synagogue où on entrepose des rouleaux de la Torah, et autres documents hébraïques contenant le nom de Dieu, devenus inutilisables.

Ne pas effacer, ne pas brûler, encore moins jeter aux ordures. Ne pas les détruire, mais les conserver, les déposer pour l’éternité dans ce que la tradition nomme une gueniza, une « cachette »… En fait, gueniza plus que « cachette » veut dire « trésor », comme il est écrit dans le livre d’Esther (3, 8-9) :

8 Alors Haman dit au roi Assuérus: « Il y a dans toutes les provinces de ton royaume un peuple dispersé et à part parmi les peuples, ayant des lois différentes de celles de tous les peuples et n’observant point les lois du roi. Il n’est pas dans l’intérêt du roi de le laisser en repos. 9 Si le roi le trouve bon, qu’on écrive l’ordre de les faire périr; et je pèserai dix mille talents d’argent entre les mains des fonctionnaires, pour qu’on les porte dans le trésor (גִּנְזֵי, GNCY, Guinezéy) du roi ».

Une Gueniza tient donc office de tombe, de cachette, mais se révèle en fait un véritable trésor. Au delà du respect dû aux livres, le principe de la gueniza a entraîné bien des surprises, permis bien des découvertes. La plus fameuse des guenizot mise au jour demeure celle de la synagogue Ben Ezra à Fostat, dans le vieux Caire, que tout le monde appelle la « gueniza du Caire ».

Qumran, cette série de grottes où furent découverts les fameux Manuscrits de la Mer Morte, n’était rien d’autre qu’une gueniza antique. De la même manière que les trésors de Qumran sont essentiels pour comprendre le judaïsme et (peut-être surtout le christianisme antique, ceux de la gueniza de la synagogue du vieux Caire jettent une lumière inespérée sur les premiers âges talmudiques.

Pierre-Henry Salfati : « Talmud. Enquête dans un monde très secret » (Albin Michel, 2009)
extrait en « Bonnes Feuilles », cité dans Information Juive, février 2009, sous le titre « La culture de la mémoire », p. 36-37

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