La biche de l’aurore

La « biche de l’aurore », que BHL oppose, dans un livre récent, à la « chouette de Minerve », est le titre énigmatique du psaume 22. Ayelet Hashahar est aussi le nom d’un kibbouts du nord d’Israël.

Psaume 22, 1
עַל־אַיֶּלֶת הַשַּׁחַר
ŒL-AYLT HSER
‘Al-Ayelet Hasha’har
Sur la biche de l’aurore

Après ce titre, le psaume commence par la fameuse invocation :
אֵלִי אֵלִי לָמָה עֲזַבְתָּנִי
ALY ALY LMH ŒCBTNY
Eli Eli Lama ‘Azvétani
Mon Dieu! mon Dieu! Pourquoi m’as-tu abandonné ?

Il n’est plus question de biche dans le reste du psaume. Mais au verset 20, au lieu de biche, AYLT, Ayelet, on lit אֱיָלוּתִי, AYLWTY, Ayalouti, traduit par « ma force » :
20 Et toi, Eternel, ne t’éloigne pas! Toi qui es ma force, viens en hâte à mon secours!

Le Midrash associe le psaume 22 au Livre d’Esther. La belle Esther, c’est Ishtar, Vénus, l’étoile du matin, qui annonce l’aurore (Cf  » A star is born » (Judy Garland et Barbra Streisand) et « Cela s’appelle l’aurore » (Jean Giraudoux et Luis Bunuel)).

De même que AYL, bélier, anagramme de ALY, mon Dieu, a la même guématrie, 41, que AM, mère, de même AYLT, Ayélet, déclinaison de AYLH, Ayalah, biche, a la même guématrie, 441, que AMT, Emet, Vérité, Mère-Mort. Or le psaume 22, 10-11, évoque la maternité :

10 Oui, Tu m’as fait sortir du sein maternel, Tu m’as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère.
11 Dès le sein maternel j’ai été sous ta garde, dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu.

Les bonds des biches, AYLWT, Ayalot, Ayalot, sont évoqués dans le Cantique des Cantiques (2, 7-9) :
7. Je vous en conjure, filles de Jérusalem, Par les gazelles et les biches des champs, Ne réveillez pas, ne réveillez pas l’amour, Avant qu’elle le veuille.
8 C’est la voix de mon bien-aimé! Le voici, il vient, Sautant sur les montagnes, Bondissant sur les collines.
9 Mon bien-aimé est semblable à la gazelle ou au faon des biches. Le voici, il est derrière notre mur, Il regarde par la fenêtre, Il regarde par le treillis.

Les bonds des béliers, אֵילִים , AYLYM, Eylim, le sont dans le psaume 114, qu’on chante à Pessa’h :
6 Montagnes, pourquoi bondissez-vous comme des béliers ? et vous collines (גְּבָעוֹת, GBŒWT, Gueva’ot), comme des agneaux ?

Enfin, c’est dans la vallée des biches, AYLWN, אַיָּלוֹן, Ayalon, que Josué (10) remporte une fameuse victoire :
12 Alors Josué parla à l’Eternel, le jour où l’Eternel livra les Amoréens aux enfants d’Israël, et il dit en présence d’Israël: Soleil, arrête-toi sur Gabaon (גִבְעוֹן, GBŒWN) ! Et toi, lune, sur la vallée d’Ayalon !

L’embryon germe d’une rencontre, au plus profond de la nuit. Encore faut-il qu’une biche, Esther ou Vénus, suscite la force du désir…

(On mesure combien les traductions linéaires – aussi poétiques soient-elles – réduisent la richesse des textes de la Bible hébraïque, éclairés par le midrash. Les possibilités des moteurs de recherche multilingues, comme celui de Judéopédia, et celles de l’hypertexte, permettront peu à peu d’en restaurer toutes les dimensions : ce sera le travail de plusieurs générations…, si D’ veut et si Ismaël, Esaü et Amaleq veulent bien ne pas trop importuner le peuple d’Israël.)

Envoyez un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.