Intervention divine

La parasha Vayera commence par l’Annonciation à Abram et Saraï de la naissance d’un fils, et va jusqu’à la naissance et à la Ligature d’Isaac (Genèse 18:1-22:24). L’Éternel mène le jeu.

Genèse 21, 1-2
« Et YHWH visita ( פקד, FQD, paqad) Sarah comme il avait dit, et YHWH fit à Sarah comme il en avait parlé (כַּאֲשֶׁר דִּבֵּר, KASR DBR, CaAchère Dibèr). Et Sarah conçut, et enfanta à Abraham un fils dans sa vieillesse, au temps fixé dont Elohim lui avait parlé. (אֲשֶׁר־דִּבֶּר, ASR DBR, Achère Dibèr) ».

Les quatre traducteurs de Judéopédia divergent sur la traduction de פקד, FQD, paqad. John Darby traduit par « visita » (et la King James par « visited »), mais Louis Segond par « se souvint de », Chouraqui par « sanctionne », Samuel Cahen par « pensa à » (et le Rabbinat par « s’était souvenu de »).

La racine פקד, FQD apparaît 7 fois dans la Genèse et 86 fois dans les Nombres. Dans les Nombres, פקד, FQD, est rendu par « recenser », « dénombrer », « compter ». C’est le sujet central du livre, ce qui explique sa fréquence. Dans la Genèse, dans l’histoire de Joseph, elle est souvent traduite par « établir », « instituer », par exemple en Genèse 41, 34 :
Que Pharaon établisse des commissaires (וְיַפְקֵד פְּקִדִים, WYFQD FQDYM, Vayafqéd Peqadim) sur le pays, pour lever un cinquième des récoltes de l’Egypte pendant les sept années d’abondance.
Pour rendre la répétition, comme souvent en hébreu, de la racine פקד, FQD, on pourrait traduire « Que Pharaon commissionne des commissaires »…

Les traducteurs de la Septante grecque (“Le Pentateuque. La Bible d’Alexandrie”, Cécile Dogniez et Marguerite Harl, dir. Glossaire, “Visite”, p. 860) écrivent : « La Bible évoque une notion religieuse bien spécifique, celle de l’intervention de Dieu auprès des hommes pour les secourir ou les châtier. Cette idée est rendue en hébreu par le verbe FQD, paqad « inspecter, visiter » et le nom peqqudah « inspection, visite » et ses dérivés, qui servent aussi dans le langage militaire pour l’inspection d’une armée : les interventions de Dieu sont assimilées à une inspection. En tant qu’il est le Dieu d’Israël, il passe en revue son peuple ; de la même façon, il « inspecte » chaque homme – pour examiner son sort ou juger son comportement (…)
Les traducteurs du Pentateuque ont développé une famille de mots (autour de)
episképtomai, « surveiller, inspecter », en concurrence avec episkopéo. (…) Ce lexique grec s’adapte à tous les contextes où se lisent en hébreu paqad ou peqqudah (…)
Plutôt que de privilégier le sens militaire, qui est le plus exact et le plus fréquent, et de parler uniformément de l’inspection de Dieu auprès des hommes, le traducteur choisit selon les contextes soit le lexique de l' »inspection », soit celui qui est traditionnel pour l’idée biblique, théologique, de la « visite » de Dieu.
 »

Ajoutons qu’un dictionnaire d’hébreu moderne traduit FQD par « ordonner », dans les deux sens de « mettre en ordre » et de « donner un ordre » : « Que Pharaon ordonne des ordonnateurs… »

Bref, il faut imaginer l’Éternel Qui descend dans le giron de Sarah – et dans celui de toute femme enceinte – Qui « passe en revue » l’infinité de combinaisons possibles de chromosomes, et Qui choisit la seule, l’unique, qui formera l’embryon de l’enfant à naître et lui donnera son nom, en l’occurrence Isaac.

Voir aussi : Changements de nom

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