De Pessa’h à Shavouot

La fête du don de la Torah, Shavouoth, est l’aboutissement de tout un processus initié en Egypte et s’achevant au Sinaï.

Les Dix Commandements se disent en Hébreu « Asséreth Haddiberoth« , עשרת הדברות, ŒSRT HDBRWT, de la racine דבר, DBR « les 10 paroles ». Dieu s’est révélé dans le désert במדבר, BMDBR, BaMidbar, du Sinaï par la parole. Ce qui distingue l’homme de toute la Création est qu’il est « un être parlant », מדבר, MDBR.

La fête de « Pessah » évoque la parole : Pé-ssah, פה-סח, FH-XE, la « bouche qui parle ». Le soir du Séder, c’est un devoir de raconter l‘histoire de la sortie d’Egypte aux enfants. D’où le nom donné à la Loi orale תורה שבעל פה, TWRH SBŒL FH, littéralement « la Torah sur la bouche ». Dans le Shema il est écrit : Tu enseigneras (« ces paroles ») à tes enfants, et tu en parleras, à la maison et en chemin, à ton coucher et à ton lever.(Deutéronome 6,7)

La période qui sépare Shavouoth שבועות de Pessa’h פסח est appelée du nom de l’offrande que l’on devait « balancer » en la présentant devant l’Eternel. Or, cette mesure d’orge du balancement, se dit « Omer Hatenoupha » תנופה. On pourrait lire cette expression « Ha-tenou- pé » signifiant « donner de la bouche » c’est-à-dire « donner de la parole » On retrouve cette « bouche » de Pé-ssah et l’obligation de s’exprimer pour transmettre le message divin.

La période de l’Omer dure 49 jours, sept semaines שבועות entières, pour que les enfants d’Israël se débarrassent des impuretés contractées en Egypte et s’élèvent en sainteté pour recevoir la Torah. Chaque soir, l’Omer se compte à haute voix : on compte le nombre de jours et de semaines jusqu’à la promulgation des Dix paroles. Ce qui caractérise la période de 1’Omer est encore la parole.

La Torah n’a pas été donnée en Egypte, terre d’impureté, la Torah n’a pas été donnée en Eretz Israel, champ réservé à son application, la Torah a été donnée dans le Désert, lieu inculte par excellence, lieu de la Parole, no man’s land ; la Parole appartient à celui qui se fait semblable à un désert, assoiffé d’eau et de vie.

Grand Rabbin Jacques Ouaknin

Voir aussi : Parler dans le désert

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