Yom Kippour et Aïd el Kebir

En 2014, les Musulmans célèbrent l’Aïd el Kebir, la Fête du mouton, le dimanche 5 octobre, le lendemain de Yom Kippour, qui tombe le 4 octobre.

Cette coïncidence se reproduira en 2015, mais il faudra ensuite attendre 32 ans (2047) pour la retrouver. Elle est due au fait que Kippour est le 10 de la lune de Tichri, et l’Aïd le 10 de celle de Dhou al-hijja, le dernier mois du calendrier musulman. Selon l’interprétation courante, l’Aïd el Kebir, la Grande Fête, dite aussi Aïd el Adha, Fête du sacrifice, commémore la soumission d’Abraham (Ibrahim) à Dieu, quand il accepte d’égorger son fils (Isaac selon la Bible, Ismaël dans la tradition musulmane), et que Dieu envoie un ange (l’archange Gabriel) remplacer au dernier moment l’enfant par un bélier (אַיִל, AYL, Genèse 22,13). En souvenir de cette soumission totale, les Musulmans sacrifient un mouton et multiplient aumônes, cadeaux et réjouissances familiales.

Mais c’est à un autre sacrifice, celui de l’agneau pascal, que renvoie la date du 10 du mois. Le Seder de Pessa’h, les Pâques chrétiennes et la fête musulmane du Mouton, qui ont en commun d’être des fêtes familiales, perpétuent en effet chacune à leur façon le verset Exode 12, 3 : « Parlez à toute la communauté d’Israël, en disant que le dix de ce mois, ils choisissent chacun un agneau par maison de pères, un agneau par maison, אִישׁ שֶׂה לְבֵית־אָבֹת שֶׂה לַבָּיִת, AYS SH LBYT-ABT SH LBYT, Ich Séh LeBayt-Avot Séh LaBayt ».

Ce récit institue la cellule père-mère-enfant(s) comme unité de base de la société, autour du sacrifice de l’agneau pascal. Celui-ci a lieu le 10 du mois, quatre jours avant la Pleine Lune de Pessa’h, dont il est un des trois symboles, avec le pain azyme et les herbes amères. Dans la tradition chrétienne, qui fait de l’agneau la figure du Christ (Jean 1, 29), ces quatre jours se perpétuent du Jeudi saint, rappel de la Cène, au Dimanche de Pâques, Résurrection du Christ.

L’Aïd-el-Kébir, qui commence le 10 du mois, mais qui se prolonge trois jours durant, est vraisemblablement la trace d’une Fête de l’agneau, célébrée le 10 de la Lune de printemps, avant Pessa’h, qui serait le pendant de Yom Kippour, célébrée six mois plus tard, le 10 de la Lune d’automne, avant Soukkot. Un autre argument en ce sens est que Pessa’h et Soukkot étaient des « fêtes de pèlerinage », et que l’Aïd-el-Adha tombe aujourd’hui au dixième jour du « mois du pèlerinage ».

Voir aussi :
Agneau ou chevreau pascal ?
Le Cerf et le Loup

Envoyez un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.