Montées de « Mikets »

Les retrouvailles de Joseph et de ses frères

1) Pharaon fait deux rêves présentant des similitudes (sept vaches maigres dévorent sept vaches grasses ; sept épis de blé flétris avalent sept beaux épis), dont il ignore la signification. Aucun mage égyptien n’étant parvenu à en expliquer le sens, le maître-échanson, qui était en prison avec Joseph, se souvint que ce dernier avait interprété correctement son rêve (voir la dernière montée de Vayéchev). Il conseilla donc à Pharaon de le consulter.

2) Joseph y voit des rêves prémonitoires : l’Egypte connaîtra sept années d’abondance suivies de sept années de famine. Il conseille au roi d’Egypte de nommer un économiste chargé d’approvisionner le pays pendant les années de profusion.

3 )Pharaon nomme Joseph « vice-roi » d’Egypte, lui donnant tous pouvoirs, et, en particulier, celui de préparer le pays aux années difficiles. Joseph a deux enfants de son épouse, Ménaché et Ephraïm.

4) La famine sévit en Egypte mais aussi dans tous les territoires environnants, dont la terre de Canaan où vivent Jacob et ses enfants. Le Patriarche envoie ses dix fils, à l’exception de Benjamin, chercher des provisions en Egypte. Joseph reconnait ses frères, contrairement à ces derniers. Il les accuse d’espionnage, les incarcère durant trois jours, et exige qu’ils lui amènent leur dernier frère.

5) Joseph les délivre mais retient Simon auprès de lui jusqu’à ce qu’ils amènent Benjamin. Les frères expriment des remords pour ce qu’ils ont fait à Joseph. Celui-ci, qui assiste à leur trouble, s’en émeut et s’éloigne d’eux pour pleurer. Joseph leur donne de la nourriture, mais fait remettre l’argent qu’ils ont déboursé, dans leurs sacs. En route, ils réalisent que l’argent qu’ils pensaient avoir remis en paiement se trouve dans leurs sacs, et sont pris de panique. Ils relatent à leur père leurs mésaventures. Jacob refuse de les laisser repartir avec Benjamin. La famine se faisant ressentir, les réserves de provisions s’épuisant, Jacob consent finalement à ce que Benjamin parte avec eux, Juda se portant garant.

6) De retour en Egypte, ils sont invités dans les appartements de Joseph. Ils redoutent de subir un châtiment pour l’argent retrouvé dans leurs sacs, mais Simon leur est rendu, et Joseph déjeune avec eux.

7) Joseph demande à l’intendant de sa maison de dissimuler sa coupe d’argent dans le sac de Benjamin, puis de les rattraper après leur départ, afin de les accuser de vol. Il s’exécute. Benjamin est arrêté. Les frères sont consternés.

Le rapport avec la Haftara :

En écho aux rêves du roi égyptien, il y est question du rêve du roi Salomon, entré dans la postérité sous le nom de « Jugement de Salomon », apologue de la sagacité du fils du roi David. Cette Haftara est pleine d’humanité et de psychologie.

Etincelles de mémoire :

C’est sans doute aux rêves de Pharaon, que la langue française doit l’expression « période de vaches grasses » (ou « de vaches maigres »), pour désigner les années fastes (ou mauvaises).

Etincelles de réflexion :

– Joseph a beaucoup à nous apprendre quant à la volonté de demeurer hébreu au sein d’une civilisation et dans les plus hautes sphères du pouvoir. Lorsque Pharaon le nomme aux plus hautes fonctions, il lui donne également un nom égyptien, Tsafenath Panéah’. Or, dans le même verset où il se voit attribué ce nom, Joseph continue de porter son nom hébraïque (voir Genèse 41, 45). Notre nom n’est-il pas le premier signe identitaire auquel nous nous rattachons ?

– Les péricopes qui relatent l’histoire de Joseph coïncident toujours avec la fête de ‘Hanouka. Le point commun entre ces deux histoires réside dans la lutte contre l’assimilation, qu’elle vienne de la civilisation égyptienne ou de la civilisation hellénistique, menée par Joseph ou les Hasmonéens.

– Nos Sages voient dans les tracasseries que Joseph inflige à ses frères, non pas l’exercice d’une vengeance mais une volonté de susciter leur repentir pour ce qu’ils lui ont fait subir. C’est en effet l’un des traits d’une démarche juive authentique que de se remettre en question lorsque des malheurs nous accablent, plutôt que de se contenter de rejeter l’entière responsabilité de ces déconvenues sur celui qui en est à l’origine.

Voir aussi ; :
Lectures de Miqets (GRJO)
Les prédictions autoréalisatrices
Réalité et apparences
Deux ans de réflexion

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