Montées de « Vaet’hanan »

Les Dix Commandements et le Chema’.

1) Moïse rappelle à son peuple qu’il supplia vainement Dieu de lui permettre d’entrer en terre promise, n’obtenant que la possibilité de la contempler du haut d’une montagne. Moïse en fait porter la responsabilité à Israël, suite à l’épisode des « eaux de la querelle » (1). C’est Josué qui conduira le peuple en Canaan. Moïse remémore la faute d’idolâtrie commise à Beth Peo’r, l’idolâtrie coupant l’homme de sa source de vie, le Dieu unique (dernier verset de la montée). Enonciation de l’interdit d’ajouter ou de retrancher aux commandements. Rachi : « Par exemple, (en introduisant) cinq paragraphes dans les Tefilin, cinq espèces dans le loulav (2), cinq tsitsith… ».

2) Les commandements divins sont le génie propre d’Israël, forçant l’admiration des autres peuples. Moïse remémore la Révélation sinaïtique et le Décalogue. Il insiste particulièrement sur le second commandement, la prohibition de l’idolâtrie et de la fabrication d’idoles, dont l’infraction susciterait le courroux divin. Il rappelle à nouveau que c’est à cause d’Israël qu’il fut condamné à demeurer en dehors d’Erets Israël. Moïse met en garde son peuple contre la tentation « idolâtrique », qui serait sanctionnée par l’exil et la dispersion des hébreux parmi les nations. Mais Dieu n’abolira jamais son Alliance avec les descendants des patriarches. Rappel de l’intervention providentielle dans la sortie d’Egypte et la conquête (à venir) de la terre cananéenne. L’observance des lois de Dieu est la condition de la pérennité du peuple hébreu sur sa terre.

3) Moïse désigne trois villes de refuge en Transjordanie arrachée aux rois Amoréens, Sih’on et ‘Og. Ces cités seront destinées aux auteurs d’homicides involontaires, les familles des victimes n’ayant pas le droit d’exercer de vengeance à l’encontre des meurtriers involontaires, tant que ces derniers demeurent dans ces villes.

4) Seconde promulgation du Décalogue (3) (après celle de l’Exode, Parachat Yitro). Les nuances qui apparaissent entre les deux versions, sont riches de sens (4). Les Dix Commandements sont :
1° Croyance et soumission exclusive au Dieu qui a fait sortir les hébreux d’Egypte.
2° Prohibition de l’idolâtrie
3° et du blasphème.
4° Observance du Chabbat.
5° Honneur dû aux parents.
6° Prohibition du meurtre ;
7° de l’adultère ;
8° du vol (rapt) ;
9° du faux témoignage
10° et de la convoitise.

5) Israël demande à Moïse de continuer cette proclamation commencée par Dieu, dont la « voix » mettait leur vie en péril.

6) Premier paragraphe du Chéma’ Israël, qui comporte la foi en un Dieu unique, les devoirs de L’aimer, d’apprendre et d’enseigner la Tora, de mettre les Tefilin à son bras et à sa tête, ainsi que de fixer une mezouza au linteau de sa porte. Dieu enjoint ensuite son peuple de ne pas faire preuve d’ingratitude, après son établissement en terre d’Israël, en adorant d’autres dieux que Lui.
7)Prohibition de tout mariage entre les hébreux et les sept peuples cananéens, ces unions les exposant à se laisser séduire par leurs cultes idolâtres (5). Obligation de détruire les autels et les idoles cananéennes. Dieu a différencié Israël des autres nations, l’ayant choisi par amour et non en raison de son importance numérique, car « vous êtes le moindre de tous les peuples » (Deutéronome VII, 7).

Le lien entre la Haftara et la Paracha :

Première des chiv’a de-neh’matha (« sept (haftaroth) de consolation »), récitées après le jeûne du neuf av. Cette prophétie d’Isaïe débute en effet par les mots : « Consolez, consolez mon peuple ! ».

Etincelles de mémoire :

Au Décalogue, dont l’humanité, et pas seulement Israël, a conservé la mémoire, il faut ajouter le premier paragraphe du Chéma, qui se trouve dans cette paracha, que les hommes doivent lire matin et soir, et qui se trouve également dans les Téfilin et dans la Mezouza. Enfin, cette paracha, dans ses versets 3 et 4, au chapitre 7, fonde le principe de matrilinéarité de la judéité, c’est-à-dire, la transmission de l’identité juive par la mère (5), ainsi que la prohibition du mariage exogamique. C’est dire l’importance de cette section du Pentateuque.

Etincelles de réflexion :

Les deux Décalogues, à savoir celui de notre paracha et celui de la parachat Yitro, présentent de nombreuses similitudes, mais également des nuances riches de sens.
Deux exemples :
1) le 10ème commandement qui consiste à ne pas convoiter ce qui appartient à autrui, est formulé différemment, dans les deux Décalogues. Dans Yitro, il s’agit de ne pas convoiter, Lo tah’mod, en hébreu. Dans Vaeth’anan, il s’agit de ne pas désirer, Lo tit-avé, en hébreu. La convoitise suggère plus que le désir de ce que l’autre possède, la mise en œuvre d’actes susceptibles de me permettre de m’approprier le bien d’autrui. Le désir ne va pas aussi loin. Il ne va pas jusqu’à la préméditation qui accompagne la convoitise. Le second Décalogue serait donc plus exigeant que le premier.
2) Le commandement du chabbat, est exprimé par le mot Zakhor, dans Yitro, alors que dans Vaeth’anan l’on trouve le terme Chamor. L’auteur du Lekha Dodi les a réunis dans son célèbre chant du vendredi soir : Chamor veZakhor bedibour éh’ad…
Zakhor, « souviens-toi » ou « mentionne » le Chabbat, renvoie à la dimension active du Chabbat, aux actes positifs à accomplir pour vivre pleinement ce jour sacré, tels que la récitation du Qiddouch, en particulier. Chamor, « observe », concerne la dimension passive, c’est-à-dire, l’observance des « travaux interdits » du Chabbat.

(1) Voir Bemidbar, Parachat H’ouqqat, troisième montée.

(2) Le bouquet de quatre espèces végétales de la fête de Soukkoth.

(3) Généralement, le Décalogue est lu selon une cantillation différente de celle des autres textes. Certaines communautés se lèvent durant cette lecture, à l’image des hébreux qui se tenaient debout au pied du Sinaï, lorsque furent proclamés les Dix Commandements. D’autres communautés restent assises, afin de ne pas donner plus d’importance à ces commandements qu’aux autres lois mosaïques. L’unité de la communauté exige de se conformer à la conduite majoritaire.

(4) Voir « Etincelles de réflexion ».

(5) Voir « Etincelles de mémoire » : ce passage est à l’origine de deux règles essentielles du judaïsme, à savoir, l’interdit du mariage « mixte » (endogame) et le principe de matrilinéarité de la judéité (transmission de l’identité juive par la mère).

(6) Voir Rachi sur le verset 4 à ce sujet.

Voir aussi
Lectures de Vaet’hanan (GRJO)

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