Adam, Ève et Aïcha

Adam ne nomme “sa femme” (ASTW, Ichto) Ève, qu’au verset 20 du chapitre 3 de la Genèse.

Précédemment, au moment où elle est tirée de l’Adam, elle est ASH, Ichah, “femme”
Genèse, 2, 23 : « A celle-ci il sera crié “femme”, ASH Ichah, car de l’homme KY MAYS Ky MéYch elle est prise ».
Genèse, 2, 25 – L’homme et sa femme (הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ, HADM WASTW, HaAdame VeIchto) étaient tous deux nus, et ils n’en avaient point honte.

Les traductions, en général, traduisent aussi bien Ich que Adame par « homme », quitte à mettre entre parenthèses Ych et Ichah pour faire comprendre le jeu de mots. Comment faire autrement ? Traduire Ych par « individu » et Ichah par « individue », « écriture inclusive » avant la lettre ? On pourrait peut-être tenter « A celle-ci il sera crié “bonne femme”, car du « bonhomme » elle est prise » ?

Mais il serait bizarre de continuer à parler de « bonne femme » tout au long du chapitre 3, dans les dialogues de « la femme » avec le serpent, puis avec YHWH Elohim. Avec l’article Ha, Ichah devient HaIchah, qui sonne comme le prénom arabe Aïcha.
Genèse, 3, 1 – Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l’Eternel Dieu avait faits. Il dit à la femme (אֶל־הָאִשָּׁה, AL-HASH, El-HaIchah): Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin?
Genèse, 3, 2 – La femme (הָאִשָּׁה,HASH,HaIchah) répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.
(…)
Genèse, 3, 4 – Alors le serpent dit à la femme (אֶל־הָאִשָּׁה, AL-HASH, El-HaIchah) : Vous ne mourrez point;
(…)

Ych réapparaît au verset 6 avec le possessif « son » puis au verset 16, avec le possessif « ton ». Beaucoup traduisent alors « son mari » puis « ton mari ». Mais « Son homme » et « Ton homme » conviennent aussi, avec un clin d’œil à Edith Piaf.

Genèse, 3, 6 – La femme (הָאִשָּׁה,HASH,HaIchah) vit que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence; elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son homme (mari) (גַּם־לְאִישָׁהּ, GM-LAYSH, Gam-LeYchah), qui était auprès d’elle, et il en mangea.
(…)
Genèse, 3, 8 – Alors ils entendirent la voix de l’Eternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l’homme et sa femme (הָאָדָם וְאִשְׁתּוֹ, HADM WASTW, HaAdame VeIchto) se cachèrent loin de la face de l’Eternel Dieu, au milieu des arbres du jardin.
(…)
Genèse, 3, 12 – L’homme (הָאָדָם, HADM, HaAdame) répondit: La femme (הָאִשָּׁה, HASH, HaIchah) que tu as mise auprès de moi m’a donné de l’arbre, et j’en ai mangé.
Genèse, 3, 13 – Et l’Eternel Dieu dit à la femme (לָאִשָּׁה, LASH, LeIchah): Pourquoi as-tu fait cela? La femme (הָאִשָּׁה, HASH, HaIchah) répondit: Le serpent m’a séduite, et j’en ai mangé.
(…)
Genèse, 3, 15 – Je mettrai inimitié entre toi et la femme (הָאִשָּׁה, HASH, HaIchah), entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon.
Genèse, 3, 16 – À la femme (אֶל־הָאִשָּׁה, AL-HASH, El-HaIchah) il dit : J’augmenterai la souffrance de tes grossesses, tu enfanteras avec douleur, et tes désirs se porteront vers ton homme (mari) (וְאֶל־אִישֵׁךְ, WAL-AYSK, VeEl-Yshékh), mais il dominera sur toi.
Genèse, 3, 17 – Il dit à l’homme (וּלְאָדָם, WLADM, OuLeAdame): Puisque tu as écouté la voix de ta femme (אִשְׁתֶּךָ, ASTK, Ichtèkha), et que tu as mangé de l’arbre au sujet duquel je t’avais commandé: Tu n’en mangeras point!
(…)
Genèse, 3, 20 – Adam donna à sa femme le nom Eve (וַיִּקְרָא הָאָדָם שֵׁם אִשְׁתּוֹ חַוָּה, WYQRA HADM SM ASTW EWH, VaYiqra HaAdame Shem ‘Hawa): car elle a été la mère de tous les vivants.
Genèse, 3, 21 – L’Eternel Dieu fit à Adam et à sa femme (לְאָדָם וּלְאִשְׁתּוֹ, LADM WLISTW, LeAdame VeLeIchsto) des habits de peau, et il les en revêtit.

Les deux mots, ADM et AYS, Adame et Ych, figurent dans Genèse 4, 1 : « L’homme (HADM, haAdame) connaît Ève, sa femme; elle conçoit et enfante Caïn et elle dit : J’ai acquis un homme (AYS, Ich) de par YHWH. » Mais « mari » ne saurait alors convenir pour Caïn ! On pourrait ici traduire AYS, Ych, par « semblable » ?
« L’homme connaît Eviva, sa femme ; elle conçoit et enfante Caïn en disant : j’ai acquis un semblable, grâce à YHWH »

Bref aucune solution n’est satisfaisante. Sauf, peut-être, à recourir aux préfixes plutôt qu’aux suffixes. Après tout, le latin Fe-MeN, FeMiNa n’est-il pas dérivé de Ho-Mo, HoMiNis, comme l’anglais Woman de Man ?

She shall be called Woman, because she was taken out of Man

Envoyez un commentaire

Vous devez être connecté pour publier un commentaire.