Grâce et consolation

Noé, en hébreu Noa’h, s’écrit avec deux lettres Noun, ‘Het, נֹחַ, NE.

À la naissance de Noé, la Torah justifie son nom par la proximité avec le verbe נִחָם, NEM, Ni’hem, « regretter », mais aussi « consoler » (la consolation annule le regret).  

Genèse 5, 29 :
… וַיִּקְרָא אֶת־שְׁמוֹ נֹחַ לֵאמֹר זֶה יְנַחֲמֵנוּ מִמַּעֲשֵׂנוּ וּמֵעִצְּבוֹן יָדֵינוּ
WYQRA AT-SMW NE LAMR ÇH YNEMNW MMŒSNW WMŒZBWN YDYNW
VaYqra Ète-Shemo Noa’h Lé’mor Zéh YeNa’hamenou Mima’assénou OuMé’Itsevone Yadéynou….
Il (Lemech) lui donna le nom de Noé, en disant : Celui-ci nous consolera de nos fatigues et du travail pénible de nos mains …

Un peu plus loin, en Genèse 6, 6 et 7, le verbe נִחָם, NEM revient. Mais cette fois, c’est YHWH qui regrette :
YHWH regrette (וַיִּנָּחֶם, WYNEM, VayiNa’hem) d’avoir fait l’homme sur la terre et Il fut affligé en son cœur. Et YHWH dit : J’exterminerai l’homme que j’ai créé des faces de la terre, depuis l’homme jusqu’au bétail, aux reptiles, et aux oiseaux du ciel; car Je regrette (נִחַמְתִּי, NEMTY, Ni’hameti) de les avoir faits.

Puis vient le verset 8, dernier verset de la parasha Bereshit :
וְנֹחַ מָצָא חֵן בְּעֵינֵי יְהוָה
WNE MZA EN BŒYNY YHWH
VeNoa’h Matsa’ ‘Hen Be’Eynéy Adonaï
Mais Noé (WNE, VeNoa’h) trouva grâce (EN, ‘Hen) aux yeux de YHWH. ».
« Dans les yeux », comme dans un miroir, vous voyez votre image inversée. EN, ‘Het Noun, grâce, est l’inverse de NE, Noa’h, Noé.
C’est bien une grâce : la totalité des vivants, hommes et animaux, est exterminée, sauf Noé.

Chaque enfant qui naît, NE, « sauvé des eaux » comme Moïse, est non seulement, en tant qu’homme, différent de tous les animaux de la Création, mais il est aussi, en tant qu’individu, différent de tous les autres hommes exterminés par le Déluge, c’est-à-dire non-nés.

La naissance d’un enfant est une « grâce » qui console les parents de toutes leurs peines et douleurs, de toutes les complications qui affectent leur vie. Mais pour le nouveau-né lui-même, qui n’a pas de part à ces douleurs, recevoir non seulement la vie, mais aussi tout un patrimoine génétique, donc une identité, c’est aussi une « grâce » ; cela lui est offert « gracieusement », « gratuitement ».

A quoi bon le Déluge, si Noé n’y survivait pas ? Chacun(e) de nous est issu(e) d’un seul spermatozoïde ayant réussi à féconder un seul ovule. Des milliers d’autres cellules, mâles et femelles, sont parties à l’égoût, inutiles. Encore faut-il qu’il y ait une cellule survivante.

L’Unique, disons l’Espèce, avec une majuscule, regrette et se console de créer seulement l’un, disons l’individu, sans majuscule, en sacrifiant tous les autres.

Voir aussi :
Noé l’embryon
Noé, le consolateur

2 réponses à “Grâce et consolation”

  1. mllevy dit:

    En hébreu dans le Texte.
    Sommaire

    Voir aussi :
    Translittération
    Le Précepteur. Comment Moïse entreprit la Bible (Bookelis)

  2. mllevy dit:

    Felix Asher Perez (sur Facebook)

    1. Rachi – Ce nom signifie repos : il était pénible de travailler la terre depuis après Adam sans outil et c’est lui qui les a inventés et a ainsi donné du repos (Midrach Tan’huma).
    Si le nom signifiait « consoler » il serait plutôt « Mena’hem » !
    2. Radak – Même idée mais dans le nom donné par Lamec, pas vision prophétique de sa part mais espoir.
    3. Rashbam – Ce nom viendrait de « hanakha » comme une « réduction du coût » des conséquences du péché consécutif à la faute de Adam.
    —————————-
    Les 4, 5, 6 : Ce nom signifierait consolation
    4. Ibn Ezra – dans une vision prophétique donnée par Dieu à Lamec de son sauvetage du monde par Noah.
    5. Alschich – pour la terre car Dieu pourra, après la naissance de Noah, lever la malédiction du temps d’Adam, car Noah fut le 1er à naître depuis la mort d’Adam.
    6. Malbim – comme celle des endeuillés pour qu’ils changent d’attitude. Ici consolation des hommes pour qu’ils changent leurs mauvaises habitudes.

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