La métaphore des parfums (1/2)

Rachel sacrifie une nuit d’amour avec Jacob et l’échange avec sa sœur Léa contre un bouquet de mandragores. De là va naître Issachar, יִשָּׂשכָר, YSSKR.

Genèse 30, 16.
Le soir, comme Jacob revenait des champs, Léa sortit à sa rencontre, et dit: C’est vers moi que tu viendras, car je t’ai acheté (שָׂכֹר שְׂכַרְתִּיךָ, SKR SKRTYK, Sakor Sekartikha) pour les mandragores de mon fils. Et il coucha avec elle cette nuit.

Le parfum des mandragores symbolisent la connaissance de la Loi : comme elle, ils se répandent dans l’atmosphère jusqu’à s’y dissoudre. C’est ainsi que le Midrash (1) voit dans le verset 7, 14 du Cantique des Cantiques (הַדּוּדָאִים נָתְנוּ־רֵיחַ, HDWDAYM NTNW-RYE, HaDoudaïm Natenou-Riya’h, Les mandragores répandent leur parfum) , l’image de la Loi qui se répand en Israël. Rachel a “la science infuse” : les parfums flottent dans l’air, comme les lois qui n’ont plus à être énoncées pour être connues : aucun conducteur ne conduit sa voiture en gardant le code de la route à portée de main !

Remplaçant dans l’urgence une union incestueuse par une union conjugale, Rachel fait régner l’ordre là où allait apparaître de graves désordres, tant pour la société que pour l’enfant conçu dans ces conditions. Le salaire, שָׂכֹר, SKR, de Rachel, sa récompense, sa rétribution, c’est de faire respecter “l’ordre des choses”. Nul besoin “d’ordre divin” explicite. Telle est l’“immanence“ des lois divines, qui ont leurs sanctions en elles-mêmes.

Citant le Premier Livre des Chroniques (12,33), le Midrash fait donc d’Issachar un érudit en Torah, qui répand ses connaissances, mais qui, « en échange », est entretenu matériellement par son frère Zabulon : Issachar était assis et étudiait la Torah, tandis que Zabulon partait en mer et revenait nourrir Issachar. La tribu d’Issachar est notamment dotée de “l’intelligence pour les temps“ (בִינָה לַעִתִּים, BYNH LŒTYM, Vinah La’Ittim)”, qui « sait discerner les moments », non seulement les dates des fêtes rituelles, mais aussi les moments favorables ou non à la procréation.. Si favorables que le Midrash complète “Léa sortit à sa rencontre” par cette précision inattendue : “elle ne lui laissa même pas le temps de se laver les pieds“. Il y avait vraiment urgence, pour engendrer Issachar !

Quant au Midrash chrétien, voyant l’homme du salaire comme un homme intéressé, il fera d’Issachar l’Iscariote, « un voleur, qui tient la bourse, et qui y prend ce qu’on y met » (Jean 12, 6). Dans l’Israël contemporain, les contribuables contestent les privilèges des étudiants des Yeshivot, subventionnés par l’État et dispensés de service militaire, qui plaident que c’est grâce à l’étude de la Torah que se maintiennent l’âme et l’unité du peuple d’Israël.

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(1) Le Midrash Rabba sur la Genèse. Commentaire de Genèse 30, 16-18 Traduction : Maurice Mergui. Tome 3, p. 170, Editions OT, 2007.

Une réponse à “La métaphore des parfums (1/2)”

  1. mllevy dit:

    En hébreu dans le Texte.
    Sommaire

    Voir aussi :
    *Translittération

    *Le Précepteur. Comment Moïse entreprit la Bible (Bookelis)
    *Aperçu sur Amazon
    *Recension par Jean-Pierre Allali

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