Jean est son nom

Cette grâce, ce miracle …

En Genèse 36, 31 et suivants, dans la liste “des rois ayant régné au pays d’Edom, avant qu’un roi régnât sur les Enfants d’Israël”, figure, au verset 39, un בַּעַל חָנָן , BŒL ENN, Ba’al ‘Hanan, “Seigneur ‘Hanan“ ; ce nom s’inverse à Carthage en “Hanni-Baal” : le dialecte phénicien parlé à Carthage, est d’origine sémitique, proche de l’hébreu.

De חֵן, EN, ‘Hen, grâce, dérivent en effet
*le verbe ENN, חננ, ‘Hanan, faire grâce, favoriser, gratifier,
*le nom masculin, חָנָן, ENN, ‘Hanan,
*et le nom féminin, חַנָּה, ENH, ‘Hannah, mère du Prophète Samuel,
*puis les conjugaisons יוֹחָנָן, YWENN, Yo’hanan, « Dieu fait grâce »,
*et וִיחֻנֶּךָּ, WYENK, ViY’hounéka « Qu’Il te fasse grâce » (1).

Ces mots et ces noms témoignent de l’émotion universellement partagée devant la « grâce », le miracle, qu’est la naissance d’un enfant, et de la “gratitude” des parents à l’égard de Celui qui l’accorde. Aujourd’hui leur traduction en français, Anne, Jean, Véronique, a fait oublier cette étymologie. Mais les Évangiles ont fait de Jean et des autres traductions, de leurs dérivés et composés, dans tout le monde judéo-chrétien, un prénom très fréquent.

Il y a Jean, dont la nomination à la naissance, calquée sur celle d’Isaac (Genèse 17,19) (2), fait l’objet du premier chapitre de l’Évangile de Luc (Luc 1, 13-14, puis 60-61) :
Mais l’ange lui dit : Ne crains point, Zacharie ; car ta prière a été exaucée. Ta femme Élisabeth t’enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jean. Il sera pour toi un sujet de joie et d’allégresse, et plusieurs se réjouiront de sa naissance. (3) …
Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! »

Et Jean, nommé dans le mystérieux Prologue de l’Évangile de Jean (Jean 1, 6) :
Il y eut un homme, envoyé de Dieu ; son nom était Jean.

Dans la tradition juive, toute femme enceinte est susceptible d’être porteuse du Messie. À leur naissance, tous les petits garçons pourraient être nommés Jean, Yo’hanan, et toutes les petites filles, Anne ‘Hannah.
_______

(1) Voir Marie Vidal, «Jésus et Virounèka», Romillat, 2000, p. 146-8, citée par René Guyon, sur le site “Garrigues & sentiers“, 29 janvier 2006. Voir aussi Le chiasme de Véronique.

(2) Dieu dit: Certainement Sara, ta femme, t’enfantera un fils; et tu l’appelleras du nom d’Isaac.

(3) La joie et l’allégresse font clairement allusion au nom d’Isaac, יִצְחָק, Yits’haq, YZEQ, “On rira”. Isaac sera le premier circoncis, et Jean sera dit Baptiste, le premier Baptiseur.

4 réponses à “Jean est son nom”

  1. mllevy dit:

    En hébreu dans le Texte.
    Sommaire

    Voir aussi :
    *Translittération

  2. mllevy dit:

    Elisa Moralish sur Facebook
    Vous m’avez appris que un truc, Véronique viendrait de ויחונך ! J’adore ce prénom, jamais je n’aurais pensé qu’il vient de l’hébreu

    Michel Louis Lévy
    C’est une thèse controversée, que je défends mordicus …

    Elisa Moralish
    Je vous soutiens les mâchoires

  3. mllevy dit:

    Felix Asher Perez sur Facebook
    En général on explique que le second Testament a repris ici l’histoire de ‘Hanna priant chez le prophète Elie pour enfin avoir un enfant (1Samuel 1) : (‘Hanna : comme Jeanne et Grâce)
    « Anne : ‘je suis une femme qui souffre en son coeur… je répandais mon âme devant Dieu… C’est l’excès de ma douleur et de mon chagrin qui m’a fait parler jusqu’à présent’.
    Elie : ‘Va en paix, que Dieu exauce la prière que tu lui as adressée!’
    ‘Hanna: ‘Que ta servante trouve grâce à tes yeux! Et elle s’en alla’ « .
    Elle fut exaucée et appela son fils « SHMOUEL : Dieu m’a entendue »

  4. mllevy dit:

    Jean-Marc Pascolo sur Facebook
    Il y a aussi Jean « surnommé Marc », un Juif du Ier siècle, mentionné dans les Actes des Apôtres et différentes épîtres où il est désigné comme « Jean surnommé Marc » ou « Jean-Marc ». La tradition chrétienne lui attribue la rédaction de l’Évangile synoptique qui porte son nom dans le Nouveau Testament et a ajouté plusieurs récits concernant sa vie. Il est devenu le symbole de la ville de Venise.
    Son nom juif est Jean, Marc n’étant que son nom ou surnom romain. Sa parenté avec Barnabé, lévite, permet d’expliquer que dans la préface de son Évangile dans les manuscrits de la Vulgate, il est présenté comme ayant été un prêtre juif. Ils appartiennent à une famille sacerdotale, tout comme Jean le Baptiste, Jésus, Jacques le Juste et leurs autres frères et parents directs.

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